La Russie, par l'intermédiaire de son président Vladimir Poutine, a adressé une pétition aux Nations Unies pour demander le contrôle exclusif sur quelque 1,2 million de km carrés de l'océan Arctique, y compris le pôle Nord, affirmant qu'elle peut prouver son droit à une zone économique exclusive dans la région, conformément aux lois de l'ONU.
Selon la Convention des Nations Unies de 1982 sur le droit de la mer, une nation peut prétendre à une zone économique exclusive de 200 miles marins à partir de ses frontières reconnues. Cependant, la Russie essaie d'invoquer une autre partie de la loi, qui permet aux pays d'étendre leur zone économique exclusive de 350 miles à partir du bord du plateau continental, la zone relativement peu profonde qui se prolonge vers l'extérieur, si le plateau se poursuit au-delà des frontières reconnues dudit pays.
Pourquoi la Russie s'intéresse-t-elle à de vastes étendues d'eau glacée? « La fonte des glaces a ouvert de nouvelles voies de transit et a révélé des gisements de pétrole et de minéraux auparavant inaccessibles », avait rapporté en janvier l'organisation Stratfor Global Intelligence. Si la glace continue de fondre, les combustibles fossiles vont devenir de plus en plus accessibles, et donc précieux. Mais Stratfor soupçonne aussi la Russie de vouloir militariser l'Arctique, dont elle dit que « ce sera un impératif clé pour l'armée russe tout au long de 2015 et au-delà ». En Mars, la Russie a d'ailleurs mené des exercices militaires dans le cercle polaire arctique.
Cependant, ce ne sont pas la première fois que la Russie tente de revendiquer ce territoire ; en 2002 déjà, elle avait présenté une demande similaire à l'Organisation des Nations Unies, mais la proposition a été rejetée en raison d'un manque de preuves scientifiques substantielles. Aujourd'hui, la Russie prétend avoir cette preuve. Dans leur demande soumise à l'ONU, les Russes affirment avoir envoyé un sous-marin miniature sous le cercle polaire arctique, où ils ont planté un drapeau russe en titane au pôle Nord. Selon le New York Times, le ministère russe a dit qu'il attendait une décision d'ici l'automne, mais le comité qui supervise ces revendications ne se réunira très probablement pas avant 2016, et le Danemark a également soumis des demandes concernant sa propre région de l'Arctique, affirmant que le pôle se trouve sur un plateau continental en saillie au nord du Groenland.