Dernière mise à jour à 08h53 le 01/09
Une dizaine de jours après la signature de l'accord entre la France et l'Angleterre sur la gestion des migrants, le Premier ministre français Manuel Valls a appelé à une réponse européenne et indiqué qu'il faut résoudre la crise en l'attaquant à la racine.
"Nous devons enfin et, peut-être avant tout résoudre cette crise migratoire en l'attaquant à la racine c'est-à-dire en trouvant des solutions avec les pays d'origine des migrants ainsi qu'avec les pays dits de transit", a déclaré M. Valls après une visite du port, de l'Eurotunnel et du Centre d'accueil des migrants de Calais.
Dans cette quête de solution avec les pays de départ, le Premier ministre français souligne que l'objectif prioritaire sera de mettre en place, par exemple dit-il "au Niger, un premier centre de prévention de départ et d'aide au retour avant d'étendre cette expérimentation".
Manuel Valls a indiqué qu'il faut également aider ces pays de départ à mieux contrôler leurs frontières extérieures pour mieux lutter contre les filières de passeurs.
"Pour réussir, nous avons besoin du concours de tous et bien sûr de l'Europe, en mobilisant les financements appropriés. Car nous devons mettre en place une politique de développement active et efficace avec des moyens financiers pour appuyer les économies des régions concernées et donner à leurs jeunesses d'autres perspectives d'avenir que celles de l'immigration", a expliqué M. Valls.
Il se dit optimiste et pense que le sommet de La Valette de novembre sur les migrants "doit permettre d'aboutir à des résultats concrets et de bâtir des liens solides, renouvelés, solidaires entre l'Europe et l'Afrique, ce grand continent qui a tant de talents et de ressource".
M. Valls a, par ailleurs insisté sur la nécessité de définir une politique migratoire européenne : "d'abord un système unifié d'asile avec des délais raccourcis pour répondre aux demandes, une harmonisation des règles et du niveau des prestations. Ensuite, établir une liste commune des pays sûrs. C'est indispensable pour décourager les détournements de procédure qui pèse si lourdement sur le système d'accueil", a demandé le Premier ministre.
Selon lui, l'Europe est concernée par cette crise d'une "exceptionnelle gravité" et, elle ne peut pas, abandonner les pays dits de première rentrée (Italie, Grèce) à leurs difficultés.
"L'Italie et la Grèce font face à des afflux qu'ils ne peuvent pas traiter seuls. Nous devons apporter les solutions européennes, efficaces et durables", a indiqué M. Valls.
La responsabilité de tous est de s'assurer, d'après M. Valls, que le droit d'asile soit partout respecté.
Il a également averti que cette crise "sera longue et ce sera un défi que de l'enrayer. En seulement six mois plus de 340 mille entrées illégales" ont été enregistrées dans l'espace Shengen.
Concernant la lutte contre les filières des passeurs, il signale qu'il y a eu des résultats jusque-là jamais atteint : "depuis le début de l'année, nous avons démantelé 177 filières dont 19 dans le Calaisis. Au total cela représente 800 trafiquants et passeurs, c'est autant en 7 mois que pour l'ensemble de l'année 2014", a ajouté le Premier ministre.
Le vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans a également indiqué, à la suite de M. Valls que "les flux migratoire vont se poursuivre (...) et l'UE continuera de les accueillir parce que ce sont nos valeurs qui nous obligent de le faire. Nous ne refoulerons jamais ceux qui ont besoin de protection", a-t-il indiqué.
Selon M. Timmermans, cette crise met à l'épreuve la capacité des pays de l'UE à répondre ensemble à une situation qui les concerne tous.
"Nous pouvons le faire, les chiffres des arrivées sont importants mais ils restent tout à fait gérables pour un continent de 500 millions d'habitants. A condition que nous répondions à cette crise dans un esprit d'unité et de responsabilité", a expliqué le vice-président de la Commission européenne.
Cette Commission a décidé d'accorder des financements additionnels à la France pour la gestion de la situation à Calais.
"Nous allons mettre à la disposition des autorités françaises jusqu'à 5 millions d'euros supplémentaires. Ces nouveaux fonds serviront à la mise en place d'un campement pouvant offrir une assistance humanitaire pour environ 1500 migrants résidant dans la zone ainsi qu'à soutenir le transport des demandeurs d'asile de Calais vers d'autres destinations en France", a annoncé M. Timmermans.
Cette somme s'ajoute ainsi à l'aide d'urgence de 3,8 millions d'euros déjà alloués en 2014 pour co-financer la mise en place du Centre d'accueil Jules Ferry de Calais.