Dernière mise à jour à 10h34 le 03/09
Depuis un certain nombre d'années, les diplomates du consulat de Russie à San Francisco étaient renommés -et appréciés- pour les assiettes de friandises et les coups de vodka qu'ils offraient lors des célébrations dans le quartier et même pour l'énorme bonhomme de neige gonflable qu'ils installaient à Noël. Mais aujourd'hui, la fête est finie, et l'heure est à la tension, que d'aucuns disent qu'elle a jusque des relents de guerre froide. L'administration Trump, dans une décision qui rappelle cette période difficile, a en effet ordonné la fermeture, à la date du 2 septembre, du majestueux bâtiment de briques qui s'élève sur Green Street à Cow Hollow.
La fermeture, la dernière d'une série de représailles du style œil pour œil dent pour dent, porte non seulement en elle un symbolisme clair, mais va également limiter également les opérations de Moscou aux États-Unis et priver les Russes habitant dans la zone de la baie du soutien du personnel consulaire. Dans le même temps, il est probable que cela va déranger par la même occasion les Américains souhaitant aller voyager en Russie ou faire des affaires avec ce pays. Selon les responsables consulaires, l'année dernière, le consulat a en effet délivré 16 000 visas à des citoyens américains. En plus de la fermeture de San Francisco annoncée le 31 août, les États-Unis tentent aussi à présent de faire la même chose avec l'annexe de la chancellerie russe à Washington, DC, et son annexe consulaire à New York, dans « l'esprit de parité invoqué par les Russes », selon les mots de la porte-parole du Département d'Etat Heather Nauert.
A compter du 3 septembre, la Russie n'aura donc plus que trois consulats aux États-Unis -à Seattle, à Houston et à Washington, DC- le même nombre que les États-Unis ont en Russie, a-t-elle déclaré. « Bien qu'il y ait une disparité dans le nombre d'annexes diplomatiques et consulaires », a-t-elle ajouté, « nous avons choisi de permettre au gouvernement russe de maintenir certaines de ses annexes dans un effort pour arrêter la spirale descendante de nos relations ». Pour autant, le Département d’État américain n’expulse pas les diplomates qui travaillent à San Francisco du pays. On ne sait pas non plus pour l'heure si la Russie va ou non vendre le bâtiment qui abrite le consulat -son plus ancien aux États-Unis.
Dans un communiqué, les responsables russes ont qualifié la décision de « nouveau pas hostile des autorités américaines » qui va nuire à la fois aux citoyens russes et américains. Le nouvel ambassadeur russe aux États-Unis, Anatoly Antonov, qui est arrivé le 31 août à Washington, DC, avait livré, avant même l'annonce, un commentaire sur les relations tendues entre les deux pays : « Malheureusement, entre la Russie et les États-Unis. Les relations se sont considérablement détériorées au cours des dernières années en raison des mesures prises par l'ancienne administration américaine, qui ne pouvaient que compromettre les fondements de la coopération russo-américaine dont la création a pris beaucoup », avait-il dit lors d'un entretien avec le journal Kommersant et été publié sur le site du Ministère russe des affaires étrangères. Selon Edward Walker, politologue à l'UC Berkeley, la fermeture du consulat de San Francisco reflète la spirale descendante des relations des États-Unis avec la Russie et fait craindre que le redressement espéré sous le mandat de Donald Trump -qui a souvent parlé avec éclat du leadership autoritaire du Président russe Vladimir Poutine- ne soit maintenant plus qu'un rêve. « C'est mauvais, comme nous ne l'avions jamais vu depuis la fin de la guerre froide », a-t-il déclaré, ajoutant « C'est un jeu à somme négative que nous ne devrions jamais jouer ».