Dernière mise à jour à 13h23 le 01/08
Des touristes prennent des selfies avec leurs smartphones devant des gratte-ciel à Londres. Bloomberg |
Tout d'abord, ce fut le Cheesegrater. Puis le Walkie-Talkie. A présent, les analystes de l'industrie se demandent ce qui sera le suivant, alors que les investisseurs immobiliers chinois se tournent vers d'autres bâtiments emblématiques de Londres. Le Gherkin ? Le Shard ?
Les bâtiments sont tous des tours de grande hauteur se trouvant dans et autour de la City, le principal quartier financier de Londres.
Le groupe chinois de produits de santé LKK a déboursé 1,28 milliard de Livres (1,68 milliard de Dollars) la semaine dernière, le prix le plus important jamais payée pour un immeuble au Royaume-Uni, lorsqu'il a acheté le 20 Fenchurch Street, plus familièrement connu sous le nom de Walkie-Talkie.
Cet achat massif a suivi la vente de la tour Leadenhall plus tôt cette année, plus connue sous le surnom de Cheesegrater (râpe à fromage).
Les deux autres bâtiments, qui ont un également un sobriquet du fait de leurs formes uniques, ne sont pas en vente, mais le Walkie-Talkie ne l'était pas non plus avant que LKK ne fasse à ses propriétaires une offre qu'ils ne pouvaient pas refuser.
L'achat de biens commerciaux à Londres par les acheteurs chinois s'est accéléré à un rythme sans précédent.
Les derniers chiffres de l'agence immobilière CBRE montrent que les investisseurs chinois ont acheté pour 4,5 milliards de Livres de biens immobiliers britanniques au deuxième trimestre 2017, soit six fois plus par rapport à l'année précédente.
Dans le même temps, les statistiques de l'agence immobilière JLL montrent que les acheteurs chinois ont investi 3,4 milliards de Livres dans des biens immobiliers à Londres au premier semestre de cette année, soit 42% de tous les achats.
Eric Pang, responsable du China Desk chez JLL, a déclaré : « Nous continuons à constater la montée en puissance des capitaux chinois à l'échelle mondiale ».
Il estime s'attendre à ce que la part des investissements chinois au Royaume-Uni continue de monter.
La dépréciation de la Livre, due aux incertitudes entourant la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne est un facteur clé contribuant, aidant les investisseurs chinois à acheter des actifs en Livres sterling à bon prix.
Les transactions récentes démontrent également la popularité des actifs sûrs se trouvant dans des emplacements privilégiés.
Le Walkie-Talkie, par exemple, est considéré comme un atout sûr parce que les espaces du bâtiment sont entièrement loués à des locataires commerciaux de haut niveau. Le bail le plus court dans le bâtiment est de 13 ans, ce qui signifie que LKK a un revenu garanti pour de nombreuses années à venir.
CC Land a acheté le Cheesegrater pour 1,15 milliard de Livres en mars, et China Resources Land le 20 Gresham Street en mai pour 315 millions de Livres.
Les critiques se sont en revanche demandé si les investisseurs chinois n'ont pas acheté ces prestigieux actifs à des prix gonflés, surtout compte tenu du fait que les vendeurs du Walkie-Talkie et du Cheesegrater ont confié avoir vendu leurs biens à des prix exceptionnellement intéressants pour eux.
Mais James Beckham, directeur des marchés de capitaux de Londres chez l'agent immobilier Cushman & Wakefield, estime pour sa part que les investisseurs chinois peuvent encore profiter de bons rendements, malgré les prix élevés qu'ils ont versés.
« Les promoteurs britanniques ont fait beaucoup de travail dans le processus de développement immobilier, donc leurs marges bénéficiaires sont justifiées. Pour les investisseurs chinois, ils recherchent quant à eux des actifs très sûrs et à long terme, et c'est ce qu'ils obtiennent », a souligné James Beckham.
Selon James Beckham, les rendements des loyers pour le Walkie-Talkie et le Cheesegrater sont d'environ 3,4%, ce qui est un bon chiffre par rapport aux actifs similaires dans d'autres secteurs géographiques.
Sammy Lee, le président de LKK, a de son côté dit être « ravi » de l'achat du Walkie-Talkie. La société a annoncé avoir déboursé un prix raisonnable pour un investissement à long terme.
Dans le même temps, l'équipe du gouvernement local de la City a investi massivement dans le renforcement des relations avec les propriétaires, les promoteurs et les occupants, afin de rendre les biens immobiliers du quartier financier de Londres plus attrayants, dans le cadre d'une campagne destinée à défendre l'image de Londres en tant que centre financier mondial malgré les incertitudes liées au Brexit.
Les efforts sont axés sur l'adoption d'« espaces de travail coopératifs et flexibles et la nouvelle vague de technologie, les médias et les entreprises de télécommunications », a pour sa part déclaré Chris Hayward, président du comité de planification et de transport de la City of London Corp.