Dernière mise à jour à 09h11 le 03/04
La Russie n'avait aucun intérêt à empoisonner l'ancien espion russe Sergueï Skripal, mais les services secrets et le gouvernement britanniques pourraient par contre bien profiter de cet incident, a déclaré lundi le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
"Cela pourrait bien être profitable aux services secrets britanniques, connus pour agir avec permis de tuer", a affirmé M. Lavrov durant une conférence de presse, faisant évidemment référence à James Bond, le personnage de super-espion britannique connu au cinéma comme "l'agent 007".
"Cela pourrait aussi profiter au gouvernement britannique, qui s'est trouvé dans une position inconfortable après avoir échoué à tenir ses promesses envers les électeurs après le Brexit", a-t-il ajouté.
L'ancien agent du renseignement russe Sergueï Skripal et sa fille auraient été exposés à une substance neurotoxique le 4 mars dans la ville britannique de Salisbury. Le Royaume-Uni et ses alliés accusent la Russie d'être derrière cette attaque à l'arme chimique.
Bien que Moscou ait à plusieurs reprises démenti toute implication, 25 pays, dont le Royaume-Uni et les Etats-Unis, ont expulsé au total une centaine de diplomates russes, encourant des représailles symétriques de la part de Moscou.
Au cours de sa conférence de presse, M. Lavrov a réaffirmé que Moscou n'avait aucun intérêt à empoisonner M. Skripal, notamment juste avant les élections présidentielles du 18 mars et la Coupe du monde de football de la FIFA, qui doit se tenir en Russie en juin et juillet.
Si le gouvernement russe avait le moindre grief à l'encontre de M. Skripal, il ne l'aurait pas choisi pour être libéré au cours de l'échange d'espions organisé il y a quelques années, a-t-il souligné.
M. Lavrov a déclaré que la Russie allait insister pour avoir accès à l'enquête sur cet incident, ainsi qu'à la fille de M. Skripal, qui se trouve maintenant en convalescence.
La Russie a également convoqué mercredi une session extraordinaire du Conseil exécutif de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), exigeant de la part du Royaume-Uni des réponses à certaines questions liées à cet incident.
"Si nos collègues britanniques sont incapables de répondre à toutes ces questions, cela ne pourra signifier qu'une seule chose : que tout cela est faux, ou pour le dire plus concrètement, qu'il s'agit d'une provocation grossière", a-t-il affirmé.