Dernière mise à jour à 07h47 le 23/10
La tactique des Etats-Unis visant à imposer des droits de douane sur les produits chinois afin de trouver un remède à leur propre déficit commercial ne marchera pas, estiment des experts israéliens.
"Ça n'atteindra pas le but que (le président américain Donald Trump) s'est fixé et ça ne ramènera pas aux Etats-Unis des industries en déclin depuis des décennies", souligne Hichaï Yafeh, professeur à l'Université hébraïque de Jérusalem. "Ça va surtout causer du tort aux consommateurs et aux producteurs américains".
L'administration Trump recourt à la menace de droits de douane supplémentaires contre ses partenaires commerciaux étrangers dans l'espoir de les forcer à lui donner ce qu'elle veut. Ces taxes ont visé la Chine et d'autres pays et se sont mêmes accrues quand la Chine y a répondu.
Beijing s'est dit résolu à parvenu à une résolution de ce différend commercial au moyen de négociations reposant sur l'égalité et le respect mutuel, tout en rejetant la tactique employée par Washington.
Pour Arie Reich, expert en droit commercial international à l'Université Bar-Ilan près de Tel Aviv, cette politique américaine s'appuyant sur le populisme est "à courte vue".
"Beaucoup de salariés vont souffrir parce que leurs exportations ne se vendront plus aussi bien et parce que les partenaires commerciaux ne vont pas rester les bras croisés; ils vont eux aussi imposer des droits de douane", dit-il.
M. Reich pense que les mesures de représailles chinoises ont été "proportionnées" et que la Chine pourrait potentiellement se tourner vers d'autres marchés.
Bien que la Chine ait répété qu'elle ne souhaitait pas remplacer les Etats-Unis et qu'elle soutenait le multilatéralisme, Yuri Pines, professeur au Département des études asiatiques de l'Université hébraïque, considère qu'une partie du problème vient du fait que les Etats-Unis considèrent la Chine comme une menace potentielle.
Hichaï Yafeh est persuadé qu'exploiter le populisme est une mauvaise politique. "En fin de compte, tout le monde sera perdant", prévient-il.
Arie Reich souligne qu'une étude qu'il a menée sur l'efficacité de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) a montré que la Chine affichait un bilan satisfaisant en matière de respect des jugements de l'OMC sur des différends commerciaux. Aucun membre n'a été forcé d'exiger que des sanctions soient prises contre la Chine, selon lui.
Un membre de l'OMC a en effet le droit de réclamer des sanctions contre un partenaire commercial si ce dernier venait à ne pas respecter les décisions de l'OMC. Or, les Etats-Unis se classent en tête du nombre de cas où d'autres membres ont dû demander des sanctions envers eux.
C'est là la confirmation pour Hichaï Yafeh que les Etats-Unis "ont une longue histoire de différends commerciaux avec leurs principaux partenaires en Asie", même si c'est le Japon qui en a le plus été la cible que la Chine par le passé.