Dernière mise à jour à 10h23 le 09/03
Mobilisation complète du système sanitaire hospitalier et de ville, suspension éventuelle de certains transports en commun, fermetures des crèches et établissements d'enseignement, restriction des grands rassemblements et des activités collectives ... le gouvernement français a envisagé des mesures en vue du passage au "stade 3" de l'épidémie de coronavirus COVID-19, une épidémie jugée "inexorable" par le président Emmanuel Macron.
Alors que le nombre de cas confirmés de contamination au coronavirus COVID-19 a dépassé dimanche la barre des 1.000 personnes touchées en France, et qu'un nouveau Conseil de défense consacré à la crise sanitaire doit se tenir dans la soirée, le passage au "stade 3" de l'épidémie dans le pays semble désormais inéluctable.
Ce cap sera atteint "dans quelques jours, une ou deux semaines maximum", a déclaré jeudi le professeur de médecine Jean-François Delfraissy, à l'issue d'une réunion d'experts avec le président français à l'Elysée, tandis que M. Macron a prévenu : "Il y a un moment où, nous le savons tous (...), une épidémie est de toute façon inexorable". Jusqu'ici, 16 morts liés au COVID-19 ont été enregistrés sur l'Hexagone.
Les déclarations officielles se sont multipliées ces derniers jours pour préparer et tenter de rassurer la population. Au cours du stade 1, il s'agissait d'informer et de prévenir l'introduction du virus sur le territoire national. Au stade 2, l'objectif principal visé est de freiner sa propagation. Au stade 3 ou stade épidémique (où le virus circule activement sur l'ensemble du territoire), "les activités collectives sont fortement impactées" mais "le pays ne va pas s'arrêter de fonctionner", a déclaré mercredi la porte-parole du gouvernement Sibath Ndiaye.
"Nous sommes en stade 2, le virus circule de façon active mais pas dans toutes les régions (...) Nous évoluerons vers le stade 3 de façon progressive", a déclaré samedi soir Jérome Salomon, directeur général de la Santé, lors de son point presse quotidien sur la situation.
Les autorités françaises insistent surtout sur le "changement de stratégie sanitaire" lié au stade 3 et le caractère évolutif des mesures, sans donner pour l'instant beaucoup de précisions concrètes.
"Au stade 3 ou stade épidémique (circulation active du virus), la stratégie sanitaire est différente et passe d'une logique de détection et de prise en charge individuelle à une logique d'action collective", insiste le ministère des Solidarités et de la Santé dans son guide méthodologique "préparation au risque épidémique COVID-19" publié le 20 février.
"Le stade épidémique impose la pleine mobilisation du système de santé dans toutes ses composantes (médecine de ville, établissements de santé et établissements médico-sociaux). Dès lors, l'ensemble de ces acteurs doit pouvoir agir en mobilisant l'ensemble des ressources qu'ils sont en capacité de déployer dans la mesure de leurs rôles respectifs", ajoute-t-il.
Concrètement, au stade 3, afin de ne pas saturer les hôpitaux, les patients sans gravité seront pris en charge par les médecins généralistes et resteront chez eux. Des opérations non urgentes seront également repoussées. Les tests de diagnostic du COVID-19 ne seront plus forcément appliqués systématiquement.
Les mesures envisagées par le gouvernement français s'inspirent d'un plan de prévention et de lutte rédigé en 2011 en cas de pandémie grippale. Ce plan prévoit notamment une "suspension éventuelle de certains transports en commun", des "fermetures des crèches et établissements d'enseignement" (à l'échelle territoriale, voire nationale), la "restriction des grands rassemblements et des activités collectives" et une "surveillance des prix et de la disponibilité des produits" afin de maintenir un approvisionnement alimentaire et des produits de première nécessité.
A l'heure actuelle, les rassemblements de plus de 5.000 personnes en milieu confiné sont déjà interdits. Dans les zones les plus touchées par le virus, comme l'Oise, le Morbihan ou le Haut-Rhin, des établissements scolaires ont été fermés. "Si nous devions passer au stade 3, ce n'est pas la bonne décision" de fermer toutes les écoles, a déclaré vendredi le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer. "Il est très important de maintenir le fonctionnement du pays", a-t-il dit.
Certains officiels et professionnels de la santé ont par ailleurs indiqué qu'au stade 3, certaines restrictions pourraient être allégées, dans la mesure où lorsque le virus circule sur tout le territoire, elles ne sont plus effectives, estiment-ils. Des déclarations qui ne sont pas toujours bien comprises par la population qui reste dans l'expectative.
Il est difficile pour l'heure de savoir vraiment quel impact le passage au stade 3 aura sur la vie quotidienne des Français, tandis que l'Italie voisine, pays le plus touché en Europe par le coronavirus avec, jusqu'à samedi à 17h00 heure locale, plus de 5.880 cas et 233 décès, a confirmé dimanche des mesures drastiques, plaçant en quarantaine 15 millions de personnes dans le nord du pays.