Dernière mise à jour à 10h10 le 28/12
L'accord commercial post-Brexit passé entre le Royaume-Uni et l'Union européenne (UE) expose les droits des travailleurs et la protection de l'environnement à de sérieux risques d'érosion, et ne fera que ralentir la reprise économique du Royaume-Uni, un pays déjà très affecté par la pandémie de COVID-19, a averti dimanche un groupe de réflexion britannique dans une analyse préliminaire.
L'accord offre des avantages évidents au Royaume-Uni et à l'UE, des avantages qui auraient été perdus si aucun accord n'avait été négocié. Les engagements de cet accord en matière de droit du travail et de normes environnementales sont cependant considérablement plus faibles que prévu, a indiqué l'Institut de recherche sur les politiques publiques (IPPR), un groupe de réflexion basé à Londres.
Dans une évaluation préliminaire publiée dimanche, l'IPPR a déclaré que les critères devant être remplis pour prouver qu'il y a eu violation des "règles de concurrence équitable" - l'un des principaux points d'achoppement des longues négociations qui ont eu lieu entre le Royaume-Uni et l'UE - étaient si complexes qu'ils seraient sans doute rarement appliqués.
En s'efforçant d'obtenir un accord garantissant une souveraineté maximale au Royaume-Uni, le gouvernement britannique a édulcoré les exigences relatives aux "règles de concurrence équitable" dans des domaines tels que la protection du travail et de l'environnement, et n'a obtenu que des avantages limités en matière d'accès au marché, a expliqué le groupe de réflexion.
"A court terme, cela entraînera probablement une perturbation des flux commerciaux, y compris à la frontière. A plus long terme, l'économie s'adaptera à ces nouveaux arrangements, mais les obstacles au commerce entre le Royaume-Uni et l'UE entraîneront probablement un ralentissement de la croissance et une reprise économique plus lente", a ajouté l'IPPR.
Etant donné qu'il est notoirement difficile de prouver qu'assouplir les mesures de protection affecte le commerce ou l'investissement, "cet accord est peu susceptible d'empêcher le gouvernement britannique d'affaiblir les politiques héritées de l'UE en matière de droit du travail et d'environnement s'il le souhaite", a déclaré l'IPPR.
"Cela expose la protection des travailleurs, du climat et de l'environnement à un risque sérieux d'érosion", a indiqué Marley Morris, spécialiste du commerce et des relations avec l'UE au sein de l'IPPR.
"Cet accord limité vaut mieux que pas d'accord du tout, mais crée toujours des barrières commerciales importantes avec notre voisin le plus proche, ce qui entravera la croissance et ralentira la reprise économique", a-t-il ajouté.
L'accord commercial, conclu après neuf mois de négociations ardues entre le Royaume-Uni et l'UE, a été annoncé jeudi par le Premier ministre britannique Boris Johnson et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Il entrera provisoirement en vigueur le 1er janvier 2021, après l'expiration de la période de transition du Brexit le 31 décembre 2020.
S'il est approuvé par les parlements britannique et européen, cet accord historique garantira un commerce libre de droits de douane pour la plupart des marchandises, et constituera une plateforme pour la future coopération entre le Royaume-Uni et l'UE sur des questions telles que la lutte contre la criminalité, l'énergie et le partage de données.
Ce accord de libre-échange, le plus gros accord commercial bilatéral signé par les deux parties, concerne des échanges d'une valeur totale d'environ 668 milliards de livres sterling (environ 905,4 milliards de dollars américains).
Le Royaume-Uni est le troisième plus grand partenaire commercial de l'UE dans le secteur des marchandises, après les Etats-Unis et la Chine.