Dernière mise à jour à 09h05 le 20/01
Emmanuel Macron a présenté ce mercredi, dans un discours suivi de débat avec les eurodéputés, les priorités de la présidence française de l'Union européenne (UE), devant le Parlement européen à Strasbourg.
La France veut faire de l'Europe, durant ses six mois de présidence de l'UE, une "puissance démocratique, culturelle et éducative", afin de relever les défis climatiques, technologiques et numériques, sécuritaires ou encore géopolitiques. "Nous sommes cette génération qui redécouvre la précarité de l'Etat de droit et des valeurs démocratiques . Des voix s'élèvent aujourd'hui pour revenir sur nos grands textes fondamentaux", a regretté Emmanuel Macron, faisant allusion aux Etats de l'UE dirigé par l'extrême droite.
Le président français a ainsi plaidé en faveur d'une refondation des promesses de "démocratie, de progrès partagé et de paix". Pour être au rendez-vous de ce combat pour la démocratie libérale, M. Macron a annoncé que la présidence française portera avec l'Allemagne, le droit d'initiative législative au Parlement européen.
Le président français a également annoncé dans la foulée, aux eurodéputés, son souhait que l'UE puisse actualiser la Charte des droits fondamentaux. Et il a aussi salué la solidarité qui a permis pendant la crise sanitaire de disposer des vaccins, de sauver des vies et de protéger des emplois en Europe. Il dit vouloir poursuivre ce travail de solidarité, à travers des actes forts pour proposer à tous des emplois de "qualité, qualifiés, mieux rémunérés, avec des salaires minimums décents pour tous".
"Les progrès que je viens d'évoquer ne sont pas simplement des mots ou des promesses, ce sont des textes qui arriveront dans les prochaines semaines et que je souhaite que nous puissions faire aboutir collectivement durant ce semestre", a-t-il rassuré. C'est seulement après cette refondation des promesses de démocratie, de progrès que l'Europe pourra s'attaquer aux grands défis du moment. Le climat est le premier de ces défis, selon le président français.
"L'Europe est le continent qui, avec l'objectif de neutralité en 2050, s'est donné le premier les objectifs les plus ambitieux de la planète. Désormais, nous avons à passer de l'intention aux actes", a-t-il indiqué.
"La commission a fait des propositions fortes et nous aurons maintenant à mettre en oeuvre ensemble dans les prochaines semaines nombre d'entre elles", a lancé M. Macron aux eurodéputé.
La révolution numérique est lue second défi, a dit le président français qui souhaite "bâtir un véritable marché unique du numérique permettant de créer des champions européens ". Il a annoncé à cet effet deux grands textes qui permettront de protéger économiquement les acteurs du numérique, mais aussi de protéger les citoyens et le débat démocratique contre la manipulation et les discours de haine.
Quant au défi sécuritaire, il passera par l'indépendance militaire de l'Europe . "L'Europe doit s'armer non pas par défiance vis-à-vis des autres puissances, mais pour assurer son indépendance dans ce monde de violences, pour ne pas subir le choix des autres", a déclaré M. Macron.
Il a également réitéré sa volonté de réformer l'espace Schengen, afin de protéger les frontières extérieures, y compris en élaborant "une force intergouvernementale d'intervention rapide" et bâtir des partenariats avec les pays d'origine et de transit pour lutter contre les réseaux de passeurs.
Outre ces défis, le président français a indiqué que l'Europe a le devoir de proposer une nouvelle alliance au continent africain à travers un nouveau partenariat. Emmanuel Macron a également évoqué la relation avec la Russie en ces périodes de tension avec l'Ukraine.
" La sécurité de notre continent nécessite un réarmement stratégique de notre Europe comme puissance de paix et d'équilibre, en particulier dans le dialogue avec la Russie", a-t-il déclaré tout en souhaitant la reprise des négociations avec la Russie "dans le cadre du format Normandie" afin de trouver "une solution politique au conflit en Ukraine".
Mais ce premier discours du président français devant le Parlement européen, à trois mois de l'élection présidentielle française, a été vivement critiqué par ses opposants - au sein de l'hémicycle - qui sont déjà engagés dans la course à la présidentielle.
L'eurodéputé Yanick Jadot a qualifié M. Macron de "président de l'inaction climatique".
"C'est un discours usé d'un homme qui semble usé", a déclaré Jean-Luc Mélenchon, candidat à la présidentielle qui a effectué le déplacement à Strasbourg.
La France assure la présidence tournante de l'Union européenne depuis le 1er janvier, ce pour six mois.