Dernière mise à jour à 08h55 le 22/05
Le Groupe des Sept (G7) a mis fin dimanche à une réunion de trois jours à Hiroshima, où des foules de manifestants sont descendues dans les rues pour protester contre les dernières mesures prises par le bloc dirigé par les Etats-Unis pour saper la paix mondiale.
La domination absolue des Etats-Unis sur le groupe ne fait qu'approfondir les clivages au sein du G7 et au-delà, ont déclaré des analystes, affirmant que l'unité et le consensus étaient absents du sommet qui s'est tenu à Hiroshima, dans l'ouest du Japon.
Le sommet a couvert de nombreux sujets, mais s'est malheureusement terminé sur une volonté d'entrave au développement et d'ingérence dans les affaires intérieures d'autres pays.
Une personne tient une pancarte au parc du Mémorial Funairi Daiichi lors d'une manifestation contre le sommet du G7 à Hiroshima, au Japon, le 19 mai 2023. (Xinhua/Zhang Xiaoyu)
EXAGERATION DE LA MENACE CHINOISE
Le communiqué des dirigeants du G7 d'Hiroshima, qui a été publié à la hâte samedi, parle beaucoup de la Chine, dépeignant de manière injustifiée ce pays comme un fauteur de troubles, sans jamais le dire directement.
Kazuteru Saionji, un chercheur japonais, a estimé absurde d'exiger que la Chine respecte les règles internationales, alors même que les Etats-Unis et certains de leurs partenaires du G7 sont les premiers à enfreindre ces règles sur la scène mondiale. "A mon avis, il vaudrait mieux adresser les mêmes recommandations au G7", a-t-il déclaré à Xinhua.
"Ce sont les Etats-Unis et les pays du G7 qui devraient adopter une attitude responsable et respecter les règles internationales", a affirmé le professeur invité à l'université internationale Higashi du Japon.
La déclaration conjointe et les autres documents adoptés lors du sommet contiennent également des commentaires sur le détroit de Taiwan et des accusations concernant la mer de Chine orientale, la mer de Chine méridionale, Hong Kong, le Xinjiang et le Tibet.
La Chine déplore vivement et s'oppose fermement aux tentatives du G7 de salir, d'attaquer et de s'ingérer effrontément dans les affaires intérieures de la Chine. Elle est également opposée aux positions du pays hôte et des autres parties concernées, a déclaré samedi un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
"Les affaires intérieures de la Chine doivent être résolues par la Chine elle-même. Toute ingérence est une violation des règles internationales", a affirmé M. Saionji.
Avant et pendant le sommet d'Hiroshima, les responsables du gouvernement américain n'ont cessé de mentionner une soi-disant "coercition économique" et d'évoquer la nécessité de "réduire les risques" vis-à-vis de la Chine, affirmant que les dirigeants du G7 adopteraient une approche unifiée en publiant "une déclaration sur la Chine".
"En poussant le G7 à contenir la Chine sous prétexte de réduire les risques, ils sapent délibérément le libre-échange et le système économique mondial de division du travail", a déclaré M. Saionji, se déclarant convaincu que les Etats-Unis brandissaient des menaces imaginaires à leur propre version de l'ordre mondial.
Selon le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, ce sont en réalité les Etats-Unis qui pratiquent la coercition et instrumentalisent les relations économiques et commerciales, notamment en appliquant des sanctions unilatérales et en promouvant le découplage et la perturbation des chaînes industrielles et d'approvisionnement. Le porte-parole a exhorté le G7 à s'abstenir de devenir complice.
Des gens se rassemblent lors d'une manifestation contre le sommet du G7 à Hiroshima, au Japon, le 20 mai 2023. (Xinhua/Zhang Xiaoyu)
CONTRE LA TENDANCE ACTUELLE
Des observateurs locaux ont affirmé qu'avec un poids économique considérablement affaibli, le G7 ne pouvait pas représenter le monde. Il s'accroche pourtant toujours à une mentalité de guerre froide, ignorant la tendance mondiale actuelle à la paix et à la stabilité.
Un récent rapport du Fonds monétaire international montre que la contribution des pays BRICS à la croissance économique mondiale a dépassé celle des pays du G7, et que cette tendance à la hausse se poursuivra dans un avenir prévisible.
Les pays BRICS seront responsables de 32,1 % de la croissance économique mondiale cette année, contre 29,9 % pour le G7, selon les estimations de l'organisation.
Atsushi Koketsu, professeur émérite à l'université Yamaguchi du Japon, a déclaré que le G7 devait prendre conscience que la communauté internationale évoluait vers le pluralisme.
"Je crois que les principaux pays en développement ne suivront pas les Etats-Unis. Ils aspirent à la paix et à la stabilité mondiales", a affirmé M. Saionji, commentant l'invitation lancée durant le sommet par le Japon aux pays dits du "Sud global".
La décision du Premier ministre japonais Fumio Kishida - qui assure la présidence tournante du G7 - d'accueillir le sommet à Hiroshima, une ville autrefois dévastée par le bombardement atomique américain, a été critiquée comme étant un coup politique.
Aux yeux de M. Saionji, soulever la question de Taiwan est également une décision imprudente de la part du Japon.
"La question de Taiwan fait partie des affaires intérieures de la Chine. L'intervention américaine complique la situation", a affirmé l'universitaire, ajoutant que l'ingérence dans le dossier taiwanais nuirait sûrement aux relations sino-japonaises.
Il pense que les pays d'Asie de l'Est sont opposés à la création de davantage de tensions et de confrontations régionales, et que les tentatives des Etats-Unis et du Japon pour jouer la carte de Taiwan sont vouées à l'échec.
LITIGES À VENIR
Des rassemblements et des manifestations contre ce G7 manipulé par les Etats-Unis ont eu lieu pendant plusieurs jours à plusieurs endroits du Japon.
Lors d'une manifestation organisée dimanche au centre-ville d'Hiroshima, où des affrontements ont éclaté entre la police et les manifestants, des pancartes et des banderoles clamaient : "Les Etats-Unis hors de l'Asie-Pacifique", "Détruire le sommet du G7", "Pas de sommet consacré à la guerre", ou encore "N'intervenez pas en Ukraine".
Au cours du sommet, les pays du G7, les Etats-Unis en tête, se sont engagés à intensifier les sanctions contre la Russie et à renforcer leur soutien diplomatique, financier, humanitaire et militaire à l'Ukraine.
"Le soutien militaire ininterrompu à l'Ukraine du bloc formé autour des Etats-Unis ne fera que rendre une trêve inaccessible. Je condamne fermement ce genre d'action", a affirmé M. Koketsu.
