Ce lundi, à Marrakech au Maroc, le comité exécutif de la Confédération africaine de football (Caf) rendra publique les candidatures retenues pour le congrès électif de l'institution prévu en mars prochain.
L'Ivoirien Jacques Bernard Daniel Anouma, qui a fait acte de candidature sera fixé sur son sort.
En attendant les délibérations de la Caf, les Ivoiriens restent partagés entre doute et espoir, suite à une récente décision de la Caf qui déclare inéligible à la présidence de l'institution du football africain toute personne qui n'est pas membre du comité exécutif, compromettant la candidature de l'Ivoirien.
Jacques Anoma a obtenu le 29 septembre le parrainage de sa candidature par la Fif qui l'adressée le 1er décembre au secrétariat général de la Caf.
Il a ensuite rencontré le ministre ivoirien des Sports, Alain Lobognon, à qui il a présenté son agenda et son "plan de bataille pour baliser le terrain".
"Je doute fort que la candidature d'Anouma puisse être retenue. Issa Hayatou (président sortant, candidat à sa succession) gère tout le processus. Il a tout verrouillé pour ça", soutient Victor Améa, étudiant.
Pour lui, les manœuvres d'Issa Hayatou ne laissent aucun doute sur son intention de l'écarter, citant une déclaration dans laquelle il affirme que "la candidature d'Anouma n'est pas démocratique".
Même son de cloche pour le journaliste Choilio Diomandé qui ne dénonce rien moins qu'une "mafia" mise en place par le président sortant de l'instance suprême du football africain.
"La Fédération internationale de football association (Fifa) avait enjoint aux fédérations régionales d'instituer des commission électorales indépendantes pour éviter les conflits d'intérêts", rappelle-t-il.
"Mais comment comprendre que dans le cas de la Caf, ce sont les membres du comité exécutif qui constituent la commission d'examen des candidatures, que ce soient les mêmes qui organisent l'élection, alors que ce sont les mêmes qui ont voté les amendements qui visent à écarter Anouma ?", s'interroge-t-il.
Visé mais pas concerné
Sans trop se faire d'illusions, certains continuent de croire aux chances du premier challenger du camerounais Issa Hayatou.
C'est le cas de Koné Assane, entrepreneur en bâtiments.
"Le Liberia a défendu le dossier devant le tribunal arbitral du sport. Même si la démarche n'a pas abouti, ça veut dire que ce ne sont pas tous les membres du comité exécutif qui sont des béni oui-oui. Il y en a certainement beaucoup d'autres qui peuvent créer la surprise", argumente-il.
"Anouma n'est quand même pas un idiot. Il sait ce qu'il fait. S'il persiste, c'est qu'il sait comment se sortir des pièges que lui tend son adversaire. En tout cas je lui fais confiance", insiste-t-il.
Mais le candidat et son staff restent confiants.
Jacques Anouma se dit confiant même s'il reconnaît l'existence de "certains aléas" dus au conteste électoral.
"Je l'ai déjà dit, je ne me sens pas concerné par cette loi, quand bien même elle me vise", a-t-il dit au lendemain de l'annonce de sa candidature.
"Nous irons jusqu'au bout. Parce qu'en la matière, c'est le 1er décembre 2012 que la candidature de Jacques Anouma a été déposée. Si l'on s'en tient au délai de l'entrée en vigueur des nouveaux statuts de la Caf, le 3 décembre 2012, nous ne savons pas sur quelle base juridique, la candidature de Jacques Anouma sera rejetée. L'amendement Raouraoua ne précise pas qui est membre du comité exécutif. Il y a trop de flou", explique Ouattara Hégaud, membre de l'équipe de campagne de Jacques Anouma.
Les statuts de la Caf ont été modifiés en septembre lors d'une assemblée générale aux Seychelles.
L'amendement dit Raouraoua (Mohamed Raouraoua, président de la Fédération algérienne de football) stipule que désormais seuls les membres élus ayant un droit de vote au sein du comité exécutif peuvent se présenter au poste de président de la Caf.
Or Anouma, membre du comité exécutif de la Caf en tant que représentant du comité exécutif de la Fifa, assiste aux réunions du comité exécutif de la Caf mais sans droit de vote.
Les Ivoiriens qui ont pris fait et cause pour leur compatriote retiennent leur souffle et sont suspendus à la décision de Marrakech.
Né le 11 décembre 1951 à Abidjan, Jacques Bernard Daniel Anouma, a été président de la Fédération ivoirienne de football de 2002 à 2011.
En 2011, après deux mandats au cours desquels la Côte d'Ivoire participe à deux phases finales de la Coupe du monde (2006 en Allemagne et 2010 en Afrique du sud), Jacques Bernard Daniel Anouma décide de ne pas solliciter un autre mandat à la tête de la Fif.
Cadre financier de formation, M. Anouma a travaillé pendant 22 ans dans le privé avant de rejoindre l'administration publique à la faveur de l'arrivée au pouvoir de Laurent Gbagbo qui le nommera directeur financier de la Présidence de la République de Côte d'Ivoire d'octobre 2000 à avril 2011.