Lorsque l'ancien champion britannique Sebastian Coe a présenté sa candidature à la présidence de l'IAAF (Association des fédérations internationales d'athlétisme) mercredi, il a souligné que, quand bien même l'athlétisme avait besoin de réformes indispensables, il n'était cependant pas dans une situation de « panique » ou de « crise ». Mais seulement 24 quatre heures après, les revendications septiques faites par la chaîne de télévision allemande ARD à propos du dopage en Russie -et de collusion avec au moins un membre de l'IAAF- ont fait ressurgir une des plus anciennes craintes concernant le sport : qu'un trop grand nombre trichait et continuait à le faire.
Plus important, le documentaire ne s'est pas seulement contenté de revendications : il a richement détaillé les connexions et les liens présumés entre le gouvernement de la Russie et ses organismes anti-dopage, les entraîneurs et les athlètes. Pour ARD, ils étaient tous, en quelque sorte, des frères de sang en matière de tromperie.
Selon le film, rien n'était comme il aurait dû être. Rusada, l'organisation chargée de dénoncer les tricheurs aux médicaments, couvrait les tests positifs dans des sports aussi divers que la natation, l'athlétisme, le cyclisme, le biathlon, l'haltérophilie et le ski. Il y aurait eu les pressions du gouvernement russe demandant d'« oublier » les étoiles de premier plan qui ont échoué aux tests. Interrogée sur le fait de savoir combien de membres de l'équipe olympique russe étaient dopés, l'ancienne lanceuse de disque Evgenia Pecherina a dit à l'enquêteur allemand Hajo Seppelt : « La plupart d'entre eux, la majorité, 99%. Et vous pouvez obtenir absolument tout. Tout ce que l'athlète veut... ».
De son côté, l'Agence antidopage de Russie a dit qu'il n'y avait rien pour soutenir ces allégations, son directeur général, Nikita Kamaev, ayant confié à l'Agence R-Sport : « Ils ne disposent pas de faits ou de documents à l'appui de toutes ces prétendues infractions ». Le documentaire a également cité une source anonyme de l'IAAF qui a dit : « Oui, il y a au moins une personne au sein de l'IAAF qui accepte de l'argent pour couvrir les tests positifs ». L'identité de cette personne serait un secret de polichinelle chez les athlètes : son tarif serait situé entre 20 000 et 50 000 Dollars US. Mais la Russie n'est pas seule visée, puisqu'il y a des soupçons sur d'autres pays, notamment le Maroc et la Turquie.