Le directeur exécutif de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a lancé mercredi un appel urgent à l'action devant l'ampleur prise par la culture du pavot à opium en Afghanistan, qui a atteint cette année un niveau record, en hausse de 36%.
Qualifiant ce chiffre de "consternant", Yury Fedotov a souligné que cette situation constitue une menace pour la santé, la stabilité et le développement de ce pays.
"Une réponse intégrée et globale au problème des stupéfiants est nécessaire doit faire partie de l'ordre du jour sur la sécurité, le développement et le renforcement des institutions afghanes".
En 2013, la surface cultivée a atteint 209 000 hectares, contre 154 000 pour l'année précédente, dépassant le pic de 193 000 de 2007, s'alarme l'ONUDC dans un rapport conjointement préparé avec le gouvernement afghan. Par ailleurs, deux provinces, Balkh et Faryab, épargnées par la culture de pavot jusqu'à présent, ont rejoint les rangs de celles qui en cultivent : seules 15 provinces du pays, contre 17 l'an dernier, ne cultivent pas d'opium.
Une explication plausible de cette tendance, c'est que les agriculteurs ont peut-être cherché à consolider leurs revenus pour se prémunir d'un avenir incertain après le retrait, l'an prochain, des forces internationales déployées en Afghanistan. Avec plus de 950 millions de dollars, soit 4% du PIB en 2013, la valeur de la production d'opium à la sortie de l'exploitation a augmenté d'un tiers, précise le rapport.
"Alors que nous nous rapprochons de l'échéance de 2014 (...), les résultats de l'enquête sur l'opium en Afghanistan doivent être compris pour ce qu'ils sont : un avertissement cinglant et le signal qu'il faut agir" a souligné le chef de l'ONUDC.
Le lien entre insécurité et culture d'opium est évident, poursuit le rapport. Près de 90% de la culture du pavot en 2013 est restée confiné dans neuf provinces des régions du Sud et de l'Ouest qui sont pour la plupart celles où opèrent les insurgés. Principale productrice de pavot depuis 2004 et responsable de près de la moitié de la culture totale, la province d'Helmand a vu sa superficie cultivée croître de 34%, suivie de Kandahar, qui a enregistré une hausse de 16%.