Depuis quelques jours, le 6 août précisément, date de l'entrée en vigueur du nouveau Code du travail bolivien pour les enfants et adolescents, ces derniers peuvent désormais s'engager auprès d'un patron à partir de 12 ans, et même travailler à leur propre compte dès 10 ans.
Pour inquiétante, voire scandaleuse qu’elle puisse apparaitre aux yeux de beaucoup de personnes, en Bolivie, la nouvelle loi n'a guère suscité de débats tant il est vrai que ces enfants travailleurs font partie du paysage. Dans la capitale, La Paz, ils exercent tous les métiers à tous les coins de rue, cireurs de chaussures, laveurs de voitures, livreurs de colis, vendeurs de babioles en tout genre, le jour comme la nuit. Ils étaient même 848.000, âgés de 5 à 17 ans, soit plus d'un quart de cette classe d'âge, en 2008.
Ils ont même un syndicat, l'Unatsbo, et c’est lui qui demandait cette mesure plusieurs années. Satisfaction leur a été accordée en décembre 2013 lorsqu’Evo Morales les a reçus au palais présidentiel. Pour le chef d'État bolivien, qui lui-même fut très jeune gardien de troupeau, le travail des enfants n’est pas une mauvaise chose, en ce qu’il permet aussi de développer, selon ses dires, leur « conscience sociale », à condition toutefois qu’il soit bien encadré. Il faudra donc une autorisation, délivrée après enquête par la Défense de l'enfance.
Cette nouvelle loi va néanmoins à rebours l'évolution récente de l'Amérique latine qui ne compte plus que 13 millions des 168 millions d'enfants travailleurs qu’a comptés l'OIT. Récemment d’ailleurs, le Mexique a relevé l'âge légal du travail à 15 ans, et le Chili à 16 ans.