Le géant de l’e-commerce Amazon.com se prépare à profiter de l'énorme pouvoir d'achat des clients chinois avec une incursion prévue dans la zone pilote de libre-échange à Shanghai (Shanghai Free-Trade Zone : zone franche).
«Il y a une forte demande à l'extrémité supérieure du marché en Chine pour les produits américains, ce qui permettra de rendre les offres d'Amazon "plus attrayantes pour les consommateurs chinois"», a déclaré Colin Sebastian, un analyste du cabinet de services financiers Robert W. Baird.
«Il semble qu’Amazon prévoit d'utiliser la nouvelle initiative pour suivre les mêmes règles du jeu que les grands acteurs, tels que Alibaba et JD.com», a noté le spécialiste. «Pouvoir travailler dans la zone franche de Shanghai devrait lui donner plus de flexibilité dans la logistique et les paiements et gagner la confiance des consommateurs chinois».
Mercredi, le détaillant en ligne basé dans l’Etat de Washington à Seattle, a annoncé avoir signé en début de seamine un accord avec les autorités de la zone franche de Shanghai.
En vertu du protocole d'entente (PE), Amazon devrait y ouvrir sa nouvelle plate-forme d’e-commerce, où l’on applique des politiques innovantes pour stimuler le commerce en ligne transfrontalier.
Le groupe américain va également mettre en place un centre de logistique et d'entrepôts, selon les autorités de la municipalité de Shanghai.
Un endroit qui permet aux marchandises importées d'entrer en Chine par l'intermédiaire de la plate-forme d’e-commerce, alors que les produits de petites et moyennes entreprises (PME) chinoises peuvent être vendus aux clients d'Amazon à travers le monde.
Pour Colin Sebastian le défi pour Amazon en Chine, est le fait de ressembler et de se comporter comme une société occidentale.
«Les entreprises américaines ont besoin de tirer profit de la croissance chinoise. Amazon pouvant aider à faciliter les deux côtés de la transaction».
Diego Piacentini, vice-président d’Amazon International, a indiqué dans un communiqué que le marché de l'e-commerce dans le pays était l'un des plus dynamiques au monde, avec un énorme potentiel. Nous venons de célébrer notre dixième anniversaire, mais nous pensons que c’est toujours le premier jour pour nous. En particulier dans les domaines de l'e-commerce transfrontalier, à la fois dans et hors de Chine».
La version chinoise du site Web d’Amazon propose 25 millions de sélections répartis dans 32 catégories. L'entreprise a ouvert 13 centres de traitement, permettant aux produits d'être livré dans plus de 3000 villes et comtés en Chine, dont 146 municipalités permettant une livraison le jour même ou le lendemain.
Selon iResearch Consulting, une société de premier plan spécialisée sur la recherche de marché de l'Internet chinois, Amazon ne représentait que 2% du total du chiffre d’affaires B2C (Business to Consumer) du marché chinois en 2013, prenant la cinquième place du secteur.
Le groupe Alibaba ayant dominé le marché avec 57,7 des parts de marché, suivi par JD.com et Suning.
Pour Lin Wenbin, analyste chez IT consultancy Analysys International, la compagnie américaine bénéficie d'un avantage unique dans l'e-commerce transfrontalier en Chine, le fait d’être une véritable société multinationale capable d'utiliser différentes plates-formes en ligne dans différents pays.
«La plupart des entreprises chinoises de commerce électronique se concentrent sur le marché intérieur. Alors qu’Amazon a des activités commerciales dans de nombreuses nations, et des fournisseurs à travers un peu partout dans le monde», a-t-il évoqué, expliquant notamment que ses partenaires commerciaux pourraient donner une forte poussée à son activité en Chine.
«De plus, la série de campagnes de l’Américain assussera aux clients et fournisseurs que les produits importés et le canal légitime et pratique facilitera le commerce électronique transfrontalier.
Selon Analysys International, le total des transactions de la coopération transfrontalière de l’e-commerce en Chine a atteint 2,7 milliards de yuans (439 milliards de dollars) en 2013, les exportations représentant plus de 2,4 milliards de yuans (390 milliards de dollars).
Les experts estimant qu’avec l'appétit croissant des acheteurs chinois en ligne, les importations devraient progresser. Pourtant, Amazon ne devrait être en mesure d'accroître dans l’immédiat ses activités en Chine.
Lu Zhenwang, un analyste indépendant du Net basé à Shanghai et directeur général de Wanqing Consultancy, pense que la zone franche offre des politiques préférentielles dans l'e-commerce transfrontalier, mais sans savoir combien d'impôts seront perçus sur les produits importés.
«Si la taxe imposée est considérable, les consommateurs ne verront pas une grande différence de prix entre les boutiques sur la toile et magasins traditionels. Alors, il est inutile pour eux d'acheter des produits étrangers en ligne».
Cependant, Diego Piacentini reste confiant : «J'ai vraiment hâte de travailler avec nos partenaires de Shanghai pour réaliser l'incroyable opportunité de développer la meilleure expérience possible de magasinage transfrontalier, non seulement pour les clients en Chine mais aussi dans le monde entier, et en établissant Shanghai comme un centre international reconnu de l'e-commerce transfrontalier».
Wang Peng, directeur général de Primoption, le site chargé de gérer la plateforme e-commerce dans la zone de libre-échange de Shanghai, a déclaré que celle-ci devrait être opérationnelle au cours du quatrième trimestre de cette année.