Dernière mise à jour à 15h11 le 17/09
(Xinhua/Li Bo) |
Un livreur de repas de Meituan, un géant chinois de la livraison de nourriture, a fait fin mars 2020 la couverture du Times Magazine. Cela a beaucoup défrayé la conversation sur Internet. Chacun se souvient que, début 2020, l'épidémie de COVID-19 a frappé de plein fouet toute la Chine et que les activités ont ainsi été suspendues. À ce moment critique, les livreurs de plats à domicile et les livreurs express ont joué un rôle essentiel dans la lutte de la Chine contre le coronavirus.
Cependant, le 12 septembre, un article a fait grand bruit sur WeChat, le réseau social très populaire en Chine. Intitulé « Les livreurs de repas coincés dans le système », cet article a causé des préoccupations chez le public en dévoilant les mauvaises conditions de travail auxquelles sont confrontés les livreurs de repas. « Un secteur qui a créé une immense valeur finit par devenir un fauteur de troubles » a-t-il dénoncé, ajoutant que sous l'emprise d'un système d'évaluation algorithmique, le temps de livraison est en voie de diminution. Résultat : livreur en scooter devient un emploi dangereux, étant donné qu'ils n'ont pas d'autre choix que de s'élancer vers leurs destinations de peur prendre du retard, courant parfois le risque d'accidents de la circulation.
Comme en témoignent les statistiques, en 2019, le temps moyen d'une commande à livrer de nourriture pour toute l'industrie en Chine a été réduit de 10 minutes par rapport à 2016. Pire encore, un « chevalier de Meituan », comme on les appelle, peut être chargé au maximum de 26 livraisons en même temps. Par ailleurs, un autre chiffre horrible montre qu'à Shanghai un livreur est tué ou blessé tous les 2,5 jours.
Peu après, la plate-forme de livraison en ligne Ele.me a annoncé qu'elle avait mis à jour l'application en ajoutant un bouton de « 5 minutes/10 minutes de plus d'attente » sur l'interface utilisateur de sorte que ses utilisateurs puissent choisir de leur gré d'accorder un peu plus de temps au livreur. Quant à Meituan, il n'a répondu à cette affaire qui a provoqué des remous qu'un jour plus tard, assurant qu'il allait optimiser son système régulateur afin que chaque livreur bénéficie de 8 minutes flexibles, tout en garantissant la ponctualité du service pour ses usagers.
Certains internautes approuvent les solutions proposées par ces deux applications, tandis que de nombreux autres manifestent leur insatisfaction à cet égard, considérant cette mesure comme un chantage au nom de la morale fait aux consommateurs. Apparemment, ces derniers disposent du droit de résoudre le problème, mais en réalité, le conflit entre plate-formes et livreurs s'est transformé en dissension entre consommateurs et livreurs. D'ailleurs, cette démarche ne s'attaque pas à la véritable cause du problème, car, au lieu de pousser des livreurs à respecter le code de la route et les règles de sécurité, elle les incitera à multiplier les livraisons.