Par Laurent DEVAUX
Depuis quelques années déjà, quand vous demandez à quelqu'un quels mots lui viennent à l'esprit quand on lui cite le nom de Beijing, il y en a un qui revient presque systématiquement, que cette personne connaisse ou non cette ville : la pollution. Un mot terrible, qui fait désormais partie de la carte de visite de la capitale chinoise, au même titre que la Cité Interdite et le canard laqué, mais dont elle se passerait volontiers. Ces jours-ci, cependant, le ciel de Beijing a pris une couleur nettement plus engageante, certes encore éloignée de ce bleu extraordinaire, presque aveuglant, tel que je l'ai connu il y a 25 ans, lors de mon premier séjour ici, ou même il y a cinq ou six ans encore, et auquel, comme les vieux pékinois, je songe avec nostalgie et regret, comme un rêve passé et qui ne reviendra pas de sitôt, si tant est même qu'on puisse le revoir un jour. Mais on peut toujours rêver, d'autant plus que les autorités chinoises sont pleinement conscientes du problème.
Donc, depuis quelques jours, nous respirons un peu mieux, et nous avons ce ciel d'une nouvelle couleur, que les Pékinois de souche, aussi chaleureux et accueillants qu'irrévérencieux et persifleurs, ont eu vite fait de qualifier sur un ton moqueur de « bleu APEC », un terme qui a vite fait florès. Et certains n'ont pas manqué de souligner que ce ciel bleu est tout sauf un hasard, et qu'il disparaitra aussi vite qu'il est apparu. Tout le monde en est conscient, jusqu'au Président Xi Jinping. Mais à quelque chose malheur est bon, ce miraculeux et temporaire « bleu APEC » a tout de même deux autres mérites : l'un est de témoigner de l'efficacité incontestable des mesures prises, et l'autre est de souligner de manière encore plus crue la nécessité de faire quelque chose qui ne soit pas provisoire face à cette pollution, qui non seulement nuit à l'image de Beijing, mais aussi à la sante de sa population.
Mais il y a aussi à Beijing –et sans doute dans d'autres villes également, mais dans la capitale le phénomène est vraiment grave- une autre forme de pollution, à laquelle personne ou presque ne fait attention, et qui risque pourtant d'avoir aussi à long terme des conséquences fâcheuses sur la santé des citoyens : la pollution sonore. Quoi, la pollution sonore, vont sans doute s'interroger certains d'entre vous ? Elle est hélas pourtant bien réelle, et tout aussi terrible que la pollution atmosphérique, car elle est particulièrement éprouvante pour les oreilles et les nerfs, et sans doute tout aussi dangereuse. Pourtant, très peu de gens en sont conscients, et c'est regrettable.