La décision du ministère sénégalais de l'Intérieur d'expulser l'opposant gambien Cheikh Sidiya Bayo pour troubles à l'ordre public n'a pas été exécutée à cause de la saisie de la Cour suprême par son avocat, a indiqué le ministre sénégalais de la Justice, Sidiki Kaba.
M. Kaba, qui s'adressait à la presse, jeudi, à Fatick (centre- ouest), a expliqué que ce recours est suspensif et la Cour suprême a jusqu'à huit jours pour statuer sur la conformité de l'arrêté d'expulsion du ministre de l'Intérieur.
Deux décisions peuvent être prises par la cour : soit elle décide que la décision de l'autorité administrative n'est pas conforme au droit, auquel cas l'arrêté d'expulsion est annulé. Soit, l'arrêté d'expulsion est fondé et l'opposant sera expulsé d'où il vient, a-t-il ajouté.
Le ministre rappelle que Cheikh Sidiya Bayo, qui possède la double nationalité gambienne et française, venait de la France.
Le Sénégal étant une terre d'asile, "il est demandé aux opposants de respecter les principes en vigueur" et de "ne pas mener des activités subversives dans les lieux d'asile où ils se trouvent", a souligné M. Kaba.
Dans une vidéo publiée sur Internet, l'opposant gambien avait appelé l'armée gambienne à renverser Yahya Jammeh, président gambien, puis réitéré cet appel dans les medias sénégalais.
Il avait aussi revendiqué la paternité du putsch manqué du 30 décembre en Gambie, alors que le gouvernement sénégalais avait dénoncé la tentative de renversement du régime du président Yahya Jammeh.
Sidiya Bayo avait été interpellé par la police sénégalaise dans la nuit du 2 au 3 janvier. Il est détenu dans les locaux du commissariat central de Dakar et devait être expulsé mercredi.
Plusieurs organisations de défense des droits de l'homme avaient exhorté le gouvernement sénégalais à "surseoir à cette décision pour permettre à la Cour suprême de statuer et d'éclairer sur le fond de la requête".