Dernière mise à jour à 09h12 le 01/02
Ça ressemble à une superproduction hollywoodienne. Le « Day Zero » arrive au Cap, en Afrique du Sud, en avril. Et tout le monde est prévenu. Le gouvernement a ainsi averti que la menace du « Day Zero » dépassera tout ce qu'une grande ville a connu depuis la Seconde Guerre mondiale ou les attentats du 11 septembre. Des pourparlers sont en cours avec la police sud-africaine parce que « des services de police normaux seront tout à fait inadéquats ». Les habitants, de plus en plus anxieux, parlent à voix basse d'un chaos imminent. La raison de cette alarme est simple, mais terrifiante : l'approvisionnement en eau de la ville est dangereusement proche de se retrouver à sec.
Si les niveaux d'eau continuent de baisser au rythme actuel, Le Cap déclarera le « Day Zero » dans moins de trois mois. Les robinets dans les maisons et les entreprises seront fermés jusqu'à ce que les pluies arrivent, et les quatre millions d'habitants de la ville devront faire la queue pour des rations d'eau dans 200 points de collecte. La ville se prépare à l'impact sur la santé publique et l'ordre social. « Quand le "Day Zero" arrivera, ils devront appeler l'armée », a déclaré Phaldie Ranqueste, un habitant de la ville, en remplissant son SUV blanc avec de grands récipients d'eau à une source naturelle où les gens attendaient dans une longue queue, anxieux.
Ce n'était pas ainsi que devaient tourner les choses pour Le Cap. Cette ville est connue pour ses politiques environnementales fortes, notamment sa gestion prudente de l'eau dans un endroit du monde de plus en plus sec. Mais après une sécheresse de trois ans, considérée comme la pire depuis plus d'un siècle, les autorités sud-africaines affirment que Le Cap risque de devenir l'une des rares grandes villes au monde à perdre l'eau courante dans les maisons et la plupart des entreprises. Les hôpitaux, les écoles et autres institutions vitales auront toujours de l'eau, disent les responsables, mais l'ampleur des restrictions sera sévère, même pour elles.
Les problèmes du Cap incarnent l'un des grands dangers du changement climatique: le risque croissant de sécheresses récurrentes et graves. En Afrique, continent particulièrement vulnérable aux effets du changement climatique, ces problèmes constituent un puissant avertissement pour les autres gouvernements, qui n'ont généralement pas les ressources de cette ville et ont peu fait pour s'adapter. Alors que les niveaux d'eau dans les barrages alimentant la ville continuent de baisser, la ville se démène pour achever les usines de dessalement et augmenter la production d'eau souterraine. À compter du mois de février, les résidents se verront infliger des amendes plus sévères s'ils dépassent leur nouvelle limite quotidienne, qui passera de 87 litres à 50 litres par jour et par personne.