Comment le modèle Lishu à faible impact renforce la protection de la précieuse terre noire

Selon un plan publié récemment par le Ministère de l'Agriculture et des Affaires rurales et six autres départements, la Chine achèvera la protection de 6,67 millions d'hectares de terres noires au cours de la période du 14e Plan quinquennal (2021-25), améliorant la qualité de l'agriculture et augmentant de 10% la matière organique du sol.

La terre noire, ou tchernoziom, est reconnue comme le sol le plus fertile au monde. D'après un livre blanc publié par l'Académie chinoise des sciences le mois dernier, il faut de 200 à 400 ans pour former une couche de terre noire d'un centimètre d'épaisseur dans des conditions naturelles.

Surnommées le « panda géant des terres cultivées », les terres noires du nord-est de la Chine sont l'une des quatre principales régions de tchernoziom dans le monde. Couvrant une superficie de 1,09 million de kilomètres carrés, c'est aussi l'une des régions les plus fertiles du pays.

Le rendement céréalier des terres noires du nord-est de la Chine représente un quart de la production céréalière de la Chine, et le livre blanc a souligné qu'il contribuait à assurer la sécurité alimentaire nationale. Cependant, a-t-il ajouté, la culture et le travail du sol irrationnels, ainsi que le changement climatique, ont provoqué la dégénérescence des terres noires dans le nord-est de la Chine.

Au cours des 60 dernières années, la matière organique du sol a diminué d'un tiers à 50% dans certaines régions, et la capacité de stockage d'eau des terres noires a également diminué. Dans certaines régions, la couche de terre noire fait désormais moins de 20 cm d'épaisseur et diminue de 1 à 2 millimètres par an.

Dans le comté de Lishu, à Siping, dans la province de Jilin (nord-est de la Chine), le retour de la paille de maïs sur les terres agricoles en tant que pratique de paillage connue sous le nom de modèle Lishu s'est avéré efficace pour améliorer la qualité de la terre noire. Le président Xi Jinping a déclaré lors d'une visite à Siping en juillet de l'année dernière que le modèle valait la peine d'être promu.

Selon Wang Guiman, un responsable du comté en charge de la technologie agricole, recouvrir le sol avec de la paille et adopter le semis direct est une technique respectueuse de l'environnement qui maintient l'humidité du sol, empêche l'érosion éolienne et hydrique, améliore la fertilité, réduit la culture et permet d'économiser de l'argent. « Le modèle Lishu, c'est comme recouvrir la terre noire d'une couette de paille », a-t-il noté.

Mettre l'accent sur la conservation pendant le travail du sol peut réduire la perte de sol d'environ 80% en moyenne, augmenter la capacité de stockage de l'eau du sol et améliorer la résistance des cultures à la sécheresse.

Pour promouvoir la méthode, le comté s'est associé à des coopératives agricoles locales pour construire des bases de démonstration, et il encourage également les agriculteurs à adopter la pratique en accordant des subventions de 750 yuans (116 dollars) par hectare pour les terres agricoles qui l'utilisent.

Cependant, a souligné le livre blanc, la Chine doit encore stimuler l'innovation technologique dans le traitement biologique de la paille, les techniques de fertilisation, les machines agricoles et la surveillance des terres noires. L'innovation technologique est la force motrice pour promouvoir le développement économique et social, et c'est aussi le moyen fondamental de « protéger et faire bon usage de la terre noire », a-t-il ajouté.

Le plan pour les cinq prochaines années se concentrera sur le contrôle de l'érosion des sols, la construction d'infrastructures agricoles, la culture d'une couche agricole fertile et le suivi et l'évaluation de la qualité des terres agricoles.

D'ici la fin de 2025, a indiqué le livre blanc, 3,3 millions d'hectares de terres agricoles de haute qualité seront établis sur le sol noir du nord-est de la Chine, et la couche de culture de terre sèche atteindra une profondeur de 30 centimètres.

Le plan stipule également que la Chine renforcera la coordination des différents secteurs impliqués dans la protection des terres noires et favorisera la démonstration à grande échelle de méthodes avancées.