L'utilisation du mot « sauterelle » n'est pas particulière à Hong Kong. Une étudiante née dans le Shanxi a ainsi été qualifiée de « sauterelle » quand elle a essayé de passer l'examen d'entrée à l'université à Shanghai en 2012. Même le métro de Beijing a utilisé le mot sur son micro un blog en novembre dernier pour décrire les personnes qui jettent leurs déchets n'importe où.
La Commission de l'égalité des chances, l'organe statutaire qui applique les lois anti-discrimination de la ville, devrait solliciter les commentaires du public sur les différentes options juridiques.
Une option, telle que suggérée par un porte-parole de la commission, est de redéfinir le mot « race » dans l'Ordonnance sur la discrimination raciale pour mentionner expressément la discrimination à l'encontre des personnes en fonction de la géographie.
Bien que cela semble a priori aussi simple que de retirer quelques alinéas et d'en introduire de nouveaux, Eric Cheung Tat-ming, professeur de droit à l'Université de Hong Kong, estime qu'une telle mesure pourrait exiger la refonte de la loi.
M. Cheung pense que l'éducation peut être un facteur clé.
« Si une personne en insulte d'autres sans aucune raison, honte à elle, mais proscrivons-nous ce comportement ? ».
Patrick Ho Chi-ping, Secrétaire pour les affaires intérieures de Hong Kong de 2002 à 2007, était en charge de la législation de l'Ordonnance sur la discrimination raciale lorsque le projet de loi a été présenté à l'Assemblée législative de Hong Kong. Il a également rejeté la nécessité de voir des gens de la partie continentale de Chine couverts par la loi.
Répondre avec une nouvelle loi serait une réaction excessive, a dit M. Ho. « Il s'agit simplement d'une question d'éthique. Ce n'est pas une question de discrimination », a-t-il ajouté.
M. Cheung abonde en ce sens, mais estime toutefois qu'il s'agit d'une affaire suffisamment solide pour assurer une meilleure protection aux nouveaux arrivants dans la ville, en particulier les parents de résidents de Hong Kong qui ont obtenu une « autorisation à sens unique » pour s'installer dans la ville à des fins de regroupement.
Cette proposition n'est pas nouvelle. Les nouveaux arrivants ont été exclus du projet d'Ordonnance sur la discrimination raciale, le gouvernement ayant considéré les immigrants chinois à Hong Kong comme un « groupe social » et que les préjugés à leur encontre n'étaient pas du « racisme ».
Près d'une décennie plus tard, M. Ho fait encore écho à ce point de vue. « La loi sur les races n'a rien à voir avec les nouveaux arrivants », dit-il. « Leur identité sociale en tant que nouveaux arrivants finira par changer … les vieux 'arrivants' sont-ils concernés par la discrimination ? ».
La Société pour l'organisation communautaire a réitéré son appel pour une meilleure législation lors d'une réunion avec la commission en août. Elle prévoit d'organiser un rassemblement plus tard ce mois-ci pour l'encourager.
Chong Yiu–Kwong, avocat des droits de l'homme, a dit que si la société parvient à un consensus selon lequel la discrimination à l'encontre des nouveaux arrivants est suffisamment grave pour qu'une protection juridique soit nécessaire, les obstacles techniques ne seraient alors pas impossibles à surmonter.