L'attentat ayant visé le complexe de gaz de Tiguentourine à In Amenas (Illizi, sud-est d'Algérie) n'est pas motivé par la décision d'Alger d'ouvrir son espace aérien aux avions français chargés de lutter contre les groupes extrémistes dans le nord du Mali, a indiqué Kamel Bouchama, ancien ministre algérien de la Jeunesse, dans une interview accordée à Xinhua.
"Une attaque similaire nécessite des mois de préparation. Ainsi, ce n'est pas vrai de dire que c'était des représailles à la décision relative à l'ouverture de l'espace aérien algérien pour des avions de chasse français, étant donné que cette décision a récemment été prise", a fait savoir M. Bouchama, qui était aussi ancien ambassadeur d'Algérie en Syrie.
"L'Algérie a toujours été une cible pour les groupes terroristes, qui voulaient cette fois attaquer une installation de gisement de gaz connue du monde entier et enlever des travailleurs étrangers pour en faire un coup médiatique mondiale", a indiqué l'ancien ministre algérien.
Sur le même ordre d'idée, Nabila Remdani, un politologue algérien, a estimé que cette attaque aurait été planifiée par le passé. C'est ce que ces groupes font - ils planifient des attaques contre les intérêts occidentaux tout le temps (...) Mais le déclenchement de cette fois-ci était l'intervention française au Mali (...) Les revendications avancées par le groupe armé étaient directement liées au Mali: exiger du gouvernement français un arrêt de ses opérations militaires".
L'opération algérienne a été soumise à des pressions de l'Occident, qui voulait avoir plus de coordinations et proposer leur aide logistique à l'Algérie après le déclenchement de la prise d'otages.
"L'Algérie n'acceptera jamais d'héberger une force étrangère sur son territoire. L'armée algérienne a élaboré une expérience forte dans ce domaine grâce à sa lutte de longue date contre le terrorisme, notamment dans des années 90", a affirmé M. Bouchama.
"La tenue de troupes étrangères pourrait être interprétée comme un abus de la souveraineté nationale", a souligné M. Bouchama.
"Les forces de l'armée nationale algérienne ont réussi à traiter de manière professionnelle la crise des otages, et en ce moment les capitales éminentes du monde entier saluent le rôle efficace joué par les forces spéciales qui ont sauvé des centaines de vies, que ce soit les Algériens ou étrangers, en dépit de la mort d'un certain nombre d'otages et des responsables militaires", a-t-il affirmé.
En ce qui concerne la question de savoir si l'Algérie va reconsidérer sa position de non-intervention dans le conflit au Mali à la suite de l'attaque, M. Bouchama a répondu : "absoloutely pas!". "L'Algérie n'interviendra pas dans une guerre au-delà de ses frontières, il s'agit d'une doctrine militaire de l'Algérie, qui ne sera pas l'objet de changement".
Jeudi dernier, les forces spéciales algériennes ont pris d'assaut dans l'installation de gaz de Tiguentourine afin de libérer les otages enlevés depuis la veille par un groupe armé. L'opération, qui s'est achevée samedi dernier, s'est soldée par un bilan d'au moins 23 travailleurs morts, 32 militants abattus, et quelque 800 otages libérés, dont 685 Algériens et 107 étrangers, selon le décompte officiel préliminaire du ministère algérien de l'Intérieur.