In Amenas, une ville jadis paisible dans le sud-est d'Algérie, a dû rompre avec cette quiétude depuis mercredi, date à laquelle quelque 800 employés ont été pris en otage par un groupe armé dans le site gazier de Tiguentourine, situé à 50 km de la ville.
Les habitants, choqués par les pertes humaines colossales à l'issue de l'opération de libération de l'armée, affichent leur crainte quant à l'avenir de leur ville.
Mohamed B., un homme de 30 ans et propriétaire d'un véhicule 4x4 qu'il loue aux particuliers, a estimé qu'avec cet évènement, rien ne sera plus comme avant.
"Depuis des années, notre ville attire des milliers de personnes venus des quatre coins du pays, voire du monde entier pour y travailler sur les chantiers gaziers que recèle la région. Mais depuis l'attaque, j'ai un fort sentiment que l'économie locale va subir de plein fouet les conséquences", a-t-il fait savoir à Xinhua.
Interrogé sur ce qu'il envisage de faire dans un tel scénario, Mohamed a dit qu'il est même "prêt à quitter In Amenas si l'offre de travail viendrait à manquer".
Pour Daoud M., un marchand de fruits et légumes qui détient une étale sur la placette de la ville, "la quiétude qu'on croyait éternelle à In Amenas a été ébranlée en un petit laps de temps", a- t-il déploré.
"Avant cette attaque, In Amenas était considérée comme un havre de paix et ce en dépit de ce qui se passait en Libye et au Mali. Nous, en tant que citoyens d'In Amenas nous nous disions que le risque était sur Debdab (ville la proche de la bande frontalière algéro-libyenne) et à la limite de la frontière malienne, qui se trouve très loin d'ici", a-t-il laissé entendre.
"L'autre élément qui nous inspirait confiance c'est la présence sécuritaire dans la ville et autour des sites industriels. Mais avec ce qui vient de se passer, on se rend compte que ce n'était que pure illusion".
A la question de savoir comment il envisage l'avenir, M. Daoud a dit que la prospérité d'In Amenas n'est pas enterrée. "Il y a tellement d'intérêts et de richesses dans la région que les compagnies pétrolières et gazières vont faire vite pour reprendre l'activité, avec bien sûr plus d'exigence sur le plan de la sécurité".
A propos du bilan des pertes humaines, nos interlocuteurs n'ont pas voulu s'exprimer, jugeant qu'il s'agit d'un sujet qui relève du "seul domaine militaire".
Jeudi dernier, l'armée algérienne a donné l'assaut contre une installation gazière située dans la province d'Illizi (1.760 km au sud-est d'Alger) pour y libérer des otages retenus depuis la veille par un groupe terroriste. L'opération, qui s'est achevée samedi, s'est soldée par la mort de 23 travailleurs, la libération de 685 otages algériens et 107 étrangers et l'élimination de 32 terroristes, selon un bilan provisoire diffusé samedi par le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales.