L'embarras politique en Tunisie continue à prendre de l'ampleur à la lumière du retardement de l''annonce du remaniement ministériel avec l'intention de certains hauts responsables tunisiens de démissionner, notamment le chef de l'Etat Moncef Marzouki ainsi que les ministres appartenant à deux partis de la coalition tripartite au pouvoir.
Lors du congrès national exceptionnel du Congrès pour la République (parti du chef de l'Etat tunisien), qui a pris fin tard dans la nuit de samedi, M. Marzouki a dressé une lettre aux congressistes dans laquelle il a menacé de quitter son poste de président de la République si les partis de la coalition au pouvoir ne parvenaient pas à un consensus sur le remaniement gouvernemental.
Parmi les sources de ce conflit figurent la demande du Congrès pour la République et du Forum démocratique pour le Travail et les Libertés (parti du président de la Constituante) d'assurer la neutralité des ministères de la Justice et des Affaires étrangères, actuellement sous la conduite du mouvement islamiste Ennahdha ( majoritaire au pouvoir).
Encore de la pression soumise à l'actuel Premier ministre tunisien Hamadi Jebali qui aurait vraisemblablement une semaine ( délai imposé par le Congrès pour la République) pour trancher de la nouvelle composition de son gouvernement compte tenu de cette demande. Sinon, le Congrès pour la République pourrait aller même à se retirer de la coalition au pouvoir.
Le Congrès pour la République "décidera de retirer ses ministres du gouvernement dans un délai d'une semaine" si jamais le document élaboré en commun entre les trois partis au pouvoir ne sera pas signé, a révélé la déclaration finale du congrès exceptionnel du Congrès pour la République.
Ce document stipule entre autres la création d'une commission au sein du gouvernement spécialisée dans les concertations sur les décisions politiques et économiques majeures et les nominations des hauts responsables de l'Etat dans le cadre de la participation effective au pouvoir et la neutralité de l'administration.
Il s'agit également de préserver le pouvoir d'achat du citoyen, l'ouverture des dossiers de corruption d'une manière objective, la concrétisation de la suprématie de la loi, l'accélération du développement régional, l'écartement des symboles de l'ancien régime des postes de décision et des cabinets des ministres.
La position du Congrès pour la République est semblable à celle du Forum démocratique pour le Travail et les Libertés qui menace, lui aussi, de se retirer de la coalition au pouvoir une fois le ministre de la Justice Noureddine Bhiri ne serait pas changé.
D'un autre côté, le conseiller auprès de la présidence de la République tunisienne, Samir Ben Amor, a annoncé sur sa page personnelle sur Facebook qu'il a présenté dimanche sa démission de son poste et qu'il se consacrera intégralement à sa fonction de député à l'Assemblée constituante.
Au moment où le remaniement ministériel piétine encore faute de consensus entre les trois partis au sommet du pouvoir, l'opposition tunisienne continue à tirer la sonnette d'alarme qualifiant la situation du pays de "grave" à cause de "la crise gouvernementale qui commence à affecter la cohésion dans la Troïka (coalition tripartite au pouvoir) et au sein même d'Ennahdha ( parti islamiste majoritaire)", a constaté dimanche le président du bureau politique du Parti républicain Nejib Chebbi.
Dirigeant au sein du parti opposant le mieux représenté à la Constituante, M. Chebbi a fait remarquer lors d'un meeting à Gabès (sud-est) que "s'il est facile que le gouvernement tombe, le former de nouveau s'avère une tâche difficile vu la dispersion des forces politiques".
Mis à part l'utilité d'un remaniement ministériel à cette étape (à quelque mois des élections prévues en été 2013), les appels se multiplient actuellement sur la scène politique tunisienne soit à former un gouvernement réduit composé de compétences nationale pour gérer les affaires courantes du pays ou encore un gouvernement d'unité nationale sans exclusion aucune.
Dans les deux cas, l'objectif est d'éviter un vide constitutionnel menaçant la stabilité de l'Etat d'un côté et d'assurer la transition de l'autre côté d'une étape de doute politique et socioé-conomique à une autre phase de stabilité qui démarrera au lendemain des prochaines élections présidentielles et législatives.