Par Ren Yaqiu
Samedi dernier, le président français François Hollande a fait une visite éclair d'une journée au Mali. Le but principal de ce déplacement était de célébrer de façon éclatante la victoire de l'armée française et de l'armée malienne dans leur lutte contre les forces extrémistes islamiques armées. Car après tout, les principales villes du nord du Mali, il y a encore peu de temps occupées par les forces terroristes, ont été reconquises. M. Hollande semble avoir apprécié ce voyage au Mali, pensant que cela fut, « le jour le plus important » de sa vie politique. Au milieu des clameurs des Maliens lançant des « Vive la France », on a même vu le Ministre français des Affaires Etrangères, Laurent Fabius, verser des larmes d'émotion.
Avant que M. Hollande ne fasse son voyage au Mali, il y avait encore un grand mystère : après avoir remporté une grande victoire, combien de temps l'armée française va-t-elle encore rester au Mali ? Lors de sa visite, M. Hollande a enfin apporté une réponse à ce mystère. Le président français a déclaré que la France restera au Mali le « temps nécessaire ». Il a également dit : « La France aidera le Mali jusqu'à ce qu'il se redresse complètement ». Ces mots ont semblé sans doute très agréables à entendre pour le peuple du Mali. Mais certains internautes français, eux, ne partagent guère cette joie. Ils pensent, en ces temps où la France connaît de graves difficultés économiques, qu’elle a dû mettre la main à la poche pour aider les autres.
Quoi qu’il en soit, les résultats obtenus par les troupes maliennes et françaises sur le champ de bataille sont tout de même gratifiants. Cependant, tout cela n’est que le début. Le vrai test est encore à venir. En effet, l'armée malienne, forte de l’appui de l'armée française, a repris les villes du Nord. Mais les militants des forces islamistes extrémistes n'ont pas vraiment résisté et se sont enfuis dans le désert et les régions montagneuses du Nord du Mali, près de la frontière algérienne. Leurs pertes en hommes n’ont pas été très élevées, et ils se sont fondus dans la clandestinité, pour pouvoir, à tout moment saisir l'occasion pour frapper. Ce qui fait que François Hollande a déclaré : « Les opérations militaires vont se poursuivre ». Mais en tout cas il y aura un moment crucial, ce sera la fin de mars. Parce que c’est à ce moment que commencera la saison des pluies au Mali. A ce moment-là, non seulement les opérations de combat seront difficiles, mais le soutien logistique et aérien sera aussi affecté. Ce qui fait que dans ce laps de temps, les forces maliennes et l'armée française vont devoir agir rapidement, et dès que possible, pour frapper les militants islamistes qui se cachent et récupérer la totalité du Nord du Mali. Toutefois, ce ne sera pas une tâche facile. Les groupes islamiques armés sont prêts depuis longtemps à mener une guérilla contre une armée régulière. Les raids sur les villes, les attaques contre les convois, la pose de mines terrestres, les enlèvements, sont des choses qu’ils sont en mesure de faire. Comment traiter ces problèmes, voilà ce à quoi, à l’évidence, il faut réfléchir Il y a encore aussi un autre facteur pouvant constituer un écueil gênant, c'est le fait qu'il y a encore sept otages français aux mains des militants islamistes. Les sauver est aussi l'un des objectifs de l’intervention militaire de l’armée française.
Autre problème, celui de parvenir à réconcilier les Maliens et les Touaregs qui vivent dans le Nord du Mali. Il se dit que les négociations vont bientôt commencer. Les Touaregs souhaitaient obtenir l’indépendance de la région de l’Azar (c'est-à-dire les trois régions de Kidal, Gao et Tombouctou). Réussir à les convaincre de renoncer à demander l’indépendance et construire un Mali unifié et démocratique ne sera pas une chose facile pour les Maliens.
En outre, les forces de la Mission internationale de soutien au Mali (Misma) ne sont pas encore totalement opérationnelles. Même quand les soldats africains seront arrivés au Mali, la France devra également former les soldats maliens et des soldats africains. La France souhaite que les troupes africaines remplacent ses forces pour les missions de combat, mais, en plus de la formation technique et tactique qui leur sera dispensée, il faudra aussi chercher à renforcer leur équipement. J'ai entendu dire que des soldats maliens se battaient en pantoufles sur le champ de bataille, laissant les soldats français, si bien équipés et armés jusqu'aux dents, ébahis.
Il est à prévoir que les troupes françaises, après avoir achevé la deuxième phase de leur mission de nettoyage, évacueront progressivement le Mali. Mais il faudra un temps considérable aux Français pour aider le Mali à se redresser complètement et il est fort à craindre que les extrémistes islamistes actifs en Afrique vont continuer également à se livrer à une lutte désespérée pour susciter des troubles. La mission de la France au Mali est loin d'être terminée.