La décision du président égyptien Mohamed Morsi de fixer la date des prochaines élections législatives alors même qu'il n'est pas encore parvenu à une conciliation avec les forces d'opposition a provoqué une controverse dans le pays. Beaucoup s'interrogent sur la pertinence de cette décision et se demandent si elle influera "négativement" ou "positivement" sur la situation politique en Egypte.
Un décret présidentiel publié samedi a fixé la date du début des élections législatives au 22 avril.
Lundi dernier, la Cour constitutionnelle avait rejeté le projet de loi relatif aux élections législatives présenté par le Conseil de la Choura (chambre haute du Parlement égyptien), jugeant certains des articles "inconstitutionnels". Le projet de loi avait alors été renvoyé à la Choura avec des propositions de modifications sur les articles jugés non conformes.
Jeudi, la Choura a adopté les amendements proposés par la cour constitutionnelle puis transmis le projet de loi électorale à M. Morsi. Le président l'a ratifié jeudi soir et annoncé l'organisation des élections législatives. Son décret publié samedi a précisé le calendrier.
Selon la professeur de sciences politiques Noha Bakr, qui a été jointe par l'agence Xinhua, "ce n'était pas une bonne décision de fixer le calendrier alors que certaines clauses de la loi sur les élections législatives sont toujours contestées". Cette spécialiste de l'Université américaine du Caire estime qu'"organiser des élections sans tenir compte des opinions de l'ensemble des forces politiques va compliquer la situation politique."
"Organiser des élections législatives avant qu'il n'y ait eu de réconciliation nationale est un acte irresponsable", a écrit de son côté Mohamed El Baradei, chef du parti al-Dostour, sur son compte Twitter.
Pour sa part, le leader du parti de la Conférence, Amr Moussa, a déclaré dans un communiqué qu'"il aurait mieux valu que la présidence consulte les forces politiques au sujet de la date des élections législatives."
Le politologue Tarek al-Senouty estime aussi que la convocation aux élections législatives par le président arrive "trop tôt". "Cela va aviver les conflits entre le Front du salut national et les forces islamiques, et entre la présidence et les forces d'opposition, qui ont accusé le président de rester sourd à leurs revendications", a-t-il dit.
Mohamed El Baradei, qui est aussi une figure importante du Front du salut national, a appelé samedi les Egyptiens à boycotter les élections législatives. "C'est le meilleur moyen de mettre au jour cette fausse démocratie et d'assurer notre crédibilité", estime-t-il.
Tandis que Noha Bark exclut toute possibilité que la présidence puisse changer d'avis sur la date des élections, Tarek al-Senouty pense que la présidence pourrait faire marche arrière si l'ensemble des forces d'opposition politique se mettait d'accord sur un boycott des élections pour exercer une pression sur la présidence.
Par Shaimaa Behery