L'île Maurice est secouée actuellement par un vaste scandale financier qui touche officiellement 1 372 victimes, a reconnu le vice-Premier ministre et ministre des Finances, Xavier-Luc Duval, au Parelement mardi.
Ces arnaques finacières, qui fonctionnent selon la pyramide de Ponzi, touche des cadres moyens mais aussi de hautes personnalités dont des avocats, avoués, politiciens et hauts fonctionnaires, confirment des sources policières.
Le scandale qui a éclaté il y environ un mois, quand l'un des dirigeants d'une compagnie qui supposément offrait à ses clients des revenus de 10% par mois, s'est subitement volatilisé dans la nature avec plus de 23 millions USD.
Le système de Ponzi est un montage financier frauduleux qui consiste à rémunérer les investissements des clients essentiellement par les fonds procurés par les nouveaux entrants. Si l'escroquerie n'est pas découverte, elle apparaît au grand jour et s'écroule quand les sommes procurées par les nouveaux entrants ne suffisent plus à couvrir les rémunérations des clients. L'Italo- Américain Charles Ponzi a mis en place une opération basée sur ce principe à Boston dans les années 1920.
Des centaines de victimes portent pliante contre Whitedot International consultancy Ltd, société d'investissement basée à Port-Louis. Dans le sillage de cette affaire, une autre compagnie, Sunkai qui faisait également les mêmes offres alléchantes devait intéresser la police. L'enquête qui est toujours en cours montre des ramifications entre les deux entreprises.
S'adressant à l'Assemblée nationale, M. Duval a cité les informations de la Banque de Maurice, selon lesquelles il y a 1. 372 plaintes enregistrées pour un préjudice total de plus de 19 millions USD. D'après lui, 30 suspects ont été appréhendés dans différents cas et une dizaine de personnes sont en détention policière.
Par ailleurs, les autorités des Poursuites publiques ont émis plusieurs ordres de gel sur les avoirs des compagnies impliquées. A ce stade, une cinquantaine de véhicules ont été saisis dont 40 voitures, ainsi que des propriétés immobilières. 56 comptes bancaires pour un montant de 300.000 USD ont été gelés et des chèques d'un montant total de 4,3 millions USD saisis.
Mercredi quatre nouvelles compagnies ont été l'objet de perquisition par la police qui a également procédé à d'autres arrestations. Selon des sources policières, il est encore trop tôt pour savoir combien de personnes sont impliquées dans ce scandale financier géant tant du côté des arnaqueurs que du côté des victimes.
Le chiffre de 35 millions USD de préjudice a été avancé par un enquêteur, qui ajoute toutefois que de nombreuses victimes ayant investi des sommes de plus d'un million USD n'ont pas encore porté plainte de peur d'être interrogé sur la source de leur argent. Mais d'ores et déjà l'on sait que le frère d'un ministre et fils d' un ténor du barreau mauricien agissait comme conseil légal de la compagnie Sunkai ainsi qu'un avoué de renom.
M. Duval a déclaré que dans ce genre de système Ponzi, peu de victimes pourraient recouvrir leur investissement. Il a annoncé avoir sollicité, lors de sa récente mission à Washington, l' expertise du Fonds monétaire international (FMI) en vue de prendre des mesures correctives pour éviter de telles répétitions à l' avenir.
Il a également fait part de la détermination des autorités à infliger une correction exemplaire aux coupables tout en veillant à ce que les enquêtes aillent jusqu'au bout. Le ministre a néanmoins concédé en réponse à une question de l'opposition que les services financiers mauriciens avaient été alertés par des banques commerciales sur ces pratiques douteuses en octobre 2012.
La police mauricienne a sollicité l'aide d'Interpol pour essayer de le retrouver les traces des coupables qui sont hors des côtes de l'île touristique du sud-ouest de l'océan Indien. Par ailleurs, dans les milieux financiers à Maurice, l'on craint que les retombés de ce scandale ne rejaillissent sur le secteur alors que Port-Louis a fait de nombreux efforts ces derniers temps pour effacer l'image de paradis fiscal qui lui collait à la peau. Des pays comme la France et l'Inde ont récemment dénoncé le secteur offshore mauricien qui offrirait des possibilités à leurs ressortissants respectifs de frauder le fisc.