Une pénurie d'eau, la plus sévère et la plus longue jamais vécue dans la région de Dakar, a provoqué des manifestations de protestation dans plusieurs quartiers de la capitale et de sa banlieue, au cours des dernières 48 heures, a constaté la presse sénégalaise.
Le manque d'eau en cette période canicule a commencé depuis le 12 septembre dernier dans plusieurs quartiers de Dakar et sa banlieue et persistait encore jeudi, suscitant la colère des populations et des hautes autorités.
A l'origine de cet incident, une fuite dans la conduite principale de l'usine de Keur Momar Sarr située à 250 km au nord de Dakar, qui alimente la capitale en eau à partir du lac de Guiers.
"Cette fuite a conduit à l'arrêt de l'usine afin de procéder aux vérifications d'usage et aux réparations nécessaires", a expliqué à la télévision nationale, Mamadou Dia, directeur général de la Sénégalaise des eaux (SDE).
Les travaux de réparation de la conduite ont démarré mais aucune date n'a été avancée pour la redistribution normale de l'eau.
En attendant, des femmes munies de seaux, de bassines vides ou encore de jeunes gens armés de bouteilles en plastique, défilent dans principales artères de la capitale sénégalaise, à la recherche du précieux liquide. Dans les quartiers non loin de la plage, les habitants recyclent l'eau de mer pour assurer les besoins quotidiens.
C'est par exemple le cas à Yoff Diamalaye, un quartier de la proche banlieue où les populations creusent à quelque mètre de la plage pour avoir de l'eau.
Dans la lointaine banlieue, les puits traditionnels ont repris du service et des points d'eau sont ouverts et la SDE, en partenariat avec l'armée, sert les populations grâce à des camions-citernes.
Face à la persistance de la situation, le Premier ministre Aminata Touré qui a effectué une visite le mardi 24 septembre à l'usine de Keur Momar Sarr, promet de situer les responsabilités dans cette affaire.
"L'Etat va situer les responsabilités partout où elles se trouvent et des décisions adéquates seront prises. Au besoin des sanctions qui peuvent aller jusqu'à une rupture de contrat sont envisageables", menace le Premier ministre.
Selon Aminata Touré, plusieurs explications techniques sont fournies mais à l'arrivée, le constat est qu'il n'y a toujours pas d'eau potable à Dakar. "C'est inacceptable et regrettable de voir les populations, les femmes notamment arpenter les artères avec des bassines sur leur tête. Et c'est d'autant plus inconcevable que certaines d'entre elles sont contraintes à se rabattre sur l'eau de mer par la faute de gens qui sont à des postes de responsabilités", a déclaré Mme Touré devant les responsables de la SDE, entreprise concessionnaire.
Quant aux défenseurs des consommateurs, ils dénoncent le manque de prévision de la SDE.
"C'est une faute inexcusable car cet incident aurait pu être évité si ce tuyau stratégique avait fait l'objet d'une surveillance technique adéquate", affirme M. Massokhna Kane de SOS Consommateur. "Ce manque de prévision doit entraîner une remise en cause du contrat d'affermage liant le Sénégal à cette multinationale privée (SDE) pour la gestion d'un secteur aussi stratégique que l'alimentation des populations en eau potable",suggère-t-il.
Mardi dernier et mercredi, Dakar et sa banlieue ont enregistré les premiers mouvements d'humeur liés à cette pénurie d'eau, que la presse a vite qualifiés d"'émeutes de l'eau". Les jeunes ont manifesté leur colère en brûlant des pneus dans les rues avant d'être dispersés par la police à coup de grenades lacrymogènes.