Après trois mois d'attente et trois semaines de tractations laborieuses avec le Rassemblement national des indépendants (RNI, qui remplace le parti de l'Istiqlal), le nouveau gouvernement marocain, qui passe de 31 à 39 ministres, voit le jour jeudi à la veille du lancement de la nouvelle session parlementaire.
Ainsi, le RNI récupère une bonne partie des postes stratégiques du gouvernement. Son président, Salaheddine Mezouar, qui avait mené les négociations avec le chef du gouvernement marocain, Abdelilah Benkirane, obtient le portefeuille des Affaires étrangères. M. Mezouar a indiqué que son parti, le RNI s'attellera à renforcer l'harmonie et la cohésion du nouveau gouvernement.
Le ministère de l'Intérieur revient à Mohamed Hassad. Le ministère de l'Éducation est quant lui repris par Rachid Benmokhtar en lieu et place de Mohamed El Ouafa qui, pour sa part, reprend le ministère des Affaires générales. Moulay Hafid El Alamy, quant à lui, reprend le ministère de l'Industrie en lieu et place de Abdelkader Amara qui, pour sa part, hérite du ministère de l'Énergie et des mines. La nouvelle architecture gouvernementale comporte aussi la création de nouveaux portefeuilles comme celui de la PME, porté par Mamoun Bouhdoud.
Le Parti de la justice et du développement (PJD), vainqueur des dernières élections législatives de novembre 2011, ne garde que les portefeuilles de la Justice, du Budget, de l'Enseignement supérieur, de l'Equipement et des transports, de la Famille et de la Communication. Il récupère cependant l'Energie et les mines.
Quant aux autres membres de la majorité, le Mouvement populaire (MP) perd l'Intérieur mais Mohand Laenser récupère un poste de ministre de l'Urbanisme. Lahcen Haddad reste au Tourisme et Mohamed Ouzzine à la Jeunesse et aux sports. Au Parti du progrès et du socialisme (PPS, Nabil Benabdellah) reste ministre de l'Habitat, El Ouardi à la Santé et Sbihi à la Culture. A l'Emploi, Abdeslam Seddiki remplace son collègue PPS Abdelouahed Souhaïl.
Le nouveau gouvernement compte cinq nouvelles figures politiques féminines. Il s'agit de Fatema Marouane (RNI), ministre marocaine de l'Artisanat, de l'Economie sociale et solidaire. Hakima El Hiti (MP), ministre marocaine déléguée auprès du ministre de l'Energie, des mines, de l'eau et de l'environnement, chargée de l'environnement, Charafat Afilal (PPS), ministre marocaine déléguée auprès du ministre de l'Energie, des mines, de l'eau et de l'environnement, chargée de l'eau, Soumiya Benkhaldoun (PJD), ministre marocaine déléguée auprès du ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Formation des cadres, Mbarka Bouaida (RNI), ministre marocaine déléguée auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération. Mme Bassima Hakkaoui garde son poste de ministre marocaine de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social.
La nomination de ces femmes répond au vœu formulé par le chef du gouvernement marocain, Abdelilah Benkirane, qui a affirmé mercredi qu'il ne trouve pas indigne de diriger un gouvernement composé essentiellement de femmes "à condition qu'Abdellah Baha, ministre d'Etat, en fasse partie". Lors d'une conférence sur l'accès de la femme aux postes de responsabilité, M. Benkirane a en outre affirmé que la mise en œuvre du concept de la parité ne doit pas être en contradiction avec les compétences et la capacité d'assumer la responsabilité.
La nomination de ces nouvelles femmes aux différents postes de responsabilité intervient au moment où le Maroc célèbre la Journée nationale de la femme. Cette commémoration coïncide cette année avec un évènement de taille, celui du discours d'octobre 2003, dans lequel le roi du Maroc, Mohammed VI, avait annoncé les grandes lignes de la réforme du Code de la famille. Depuis lors, des avancées et des progrès considérables ont été réalisés en la matière, mettant le Maroc au diapason des normes internationales.