Frappé de sanctions économiques et individuelles ciblées à l'encontre d'un total de 109 personnes impliquées dans le coup d'Etat d'Andry Rajoelina de janvier 2009 dont le président de la Transition lui-même, Madagascar joue gros dans la tenue de l'élection présidentielle prévue vendredi avec 33 candidats parmi lesquels deux femmes en lice.
Grand enjeu de cette consultation au cours de laquelle 7.823. 305 électeurs inscrits sont appelés aux urnes dans 20.001 bureaux de vote pour désigner leur futur président pour les cinq prochaines années, la réhabilitation de la Grande Ile par la communauté internationale après sa suspension des organisations telles l'ONU, l'Union africaine (UA) ou encore l'Union européenne (UE) est notamment conditionnée par la tenue d'une élection aux normes internationales de transparence et de sincérité.
D'une population estimée entre 20 et 22 millions d'habitants dont 67% vivent en milieu rural, Madagascar « est un pays pauvre qui dépend à 40% de l'aide bilatérale et multilatérale pour le budget de l'Etat et à 70% pour ses infrastructures : maintenance des routes, construction d'hôpitaux et d'écoles, etc. », a souligné dans un entretien à Xinhua la représentante résidente du système des Nations Unies, Fatma Samoura.
En d'autres termes, ce pays insulaire de l'océan Indien « ne peut pas se passer de l'aide internationale ». Or, suite à sa suspension par la communauté internationale après le coup d'Etat d'Andry Rajoelina il y a quatre ans, il a été privé de cette précieuse perfusion financière.
Par exemple, l'UE lui a fermé les robinets d'une allocation d'environ 600 millions d'euros prévue pour la période 2008-2013 dans le cadre du 10e Fonds européen de développement (FED), a appris Xinhua d'une source de la délégation de la Commission européenne à Antananarivo.
A l'instar de ceux des autres bailleurs de fonds ayant décidé d'exclure Madagascar de la liste de leurs engagements prioritaires, la reprise de cette aide européenne est assujettie au retour à l'ordre constitutionnel qui suppose la tenue d'une élection jugée correcte, autrement dit crédible, a fait savoir cette source diplomatique.
Une conditionnalité confirmée par la représentante résidente du système des Nations Unies qui a souligné à son tour qu'« une fois qu'un gouvernement démocratique sera mis en place, les sanctions seront levées ».
Il s'agit d'« un gouvernement démocratique reconnu par la communauté internationale dont l'ONU et l'Union africaine », a précisé pour sa part Woon ki Lyeo, directeur général adjoint du Bureau Afrique et Moyen-Orient du ministère coréen des Affaires étrangères venu de Séoul pour la signature mercredi de la convention de financement de 100.000 dollars au profit du Programme d'appui au cycle électoral à Madagascar (PAEM) coordonné par le Programme de développement des Nations Unies (PNUD).
« Nous allons observer le vote de ce vendredi et nous allons évaluer le résultat avec la communauté internationale », a affirmé le diplomate coréen qui a exhorté à « une élection libre et transparente ».
C'est donc de la légitimité démocratique du futur dirigeant malgache qu'il est question à l'occasion de la compétition électorale qui met aux prises ce 25 octobre 33 candidats aux profils différents et qui, au cas où aucun des postulants ne réunit la majorité de plus de 50% des suffrages requise, sera suivie d'un second tour le 20 décembre, couplé à des législatives, et plus tard en 2014 des municipales.
Le nouveau pouvoir aura pour tâche d'impulser un dialogue politique inclusif avec l'ensemble des forces vives nationales en vue de s'attaquer aux causes profondes de l'instabilité chronique qui empêche la Grande Ile africaine de tirer un maximum de profit de son important potentiel de ressources naturelles, de l'avis de Fatma Samoura.
« C'est le pays où aucun chef d'Etat n'a pu terminer son mandat dans les normes. On a pu remarquer qu'il y avait un problème de légitimité pour les gens qui ont pris le pouvoir », déplore la responsable onusienne, par ailleurs représentante résidente du PNUD.
Sur un total de 60.273.904 dollars de budget établi, plus de 26 millions sont fournis par cette agence et d'autres partenaires extérieurs au rang desquels la Suisse, la Norvège, l'UE, le Japon, la Commission de l'océan Indien puis la Corée du Sud. Une enveloppe supplémentaire de 10 millions de dollars est annoncée par la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC).
Ces contributions, a expliqué Mme Samoura, « ont permis de financer l'acquisition des matériels et équipements pour la révision systématique de la liste électorale ainsi que des imprimés et documents pour le recensement électoral. Elles ont également permis la réalisation des activités de communication et de sensibilisation et de formation des membres de la CENI-T ( Commission électorale nationale indépendante pour la transition, NDLR), l'impression de bulletins de vote, le déploiement des matériels ainsi que la prise en charge d'une partie du personnel de l'unité de gestion du PACEM ».
Les 100.000 dollars de financement remis mercredi par la Corée sont exclusivement destinés, apprend-on, à couvrir « les dépenses liées au renforcement du dialogue, la prévention des violences électorales, le déploiement des médiateurs communautaires au niveau des districts ainsi qu'à l'acquisition des outils de télécommunication dans le cadre du travail des médiateurs ».
Limitées par l'insuffisance de personnels (on parle d'un effectif de 25.000 forces de l'ordre et sécurité), les autorités malgaches ont toutefois mis en place un état-major national de sécurisation du vote composé de 22 cellules de veille dans les 22 régions et les 1.549 communes. Elles promettent un scrutin apaisé et sans fraudes.