Rien n'est gagné d'avance pour la tenue de la présidentielle prévue vendredi pour sortir de quatre ans d'impasse politique à Madagascar, engendrée par le coup d'Etat d'Andry Rajoelina de janvier 2009, la communauté avec en tête les Nations Unies affirme ouvertement redouter des risques de violences et d'une participation faible à ce scrutin très attendu.
Plus de 26 millions sur un total de 60 millions de dollars de budget fournis avec d'autres partenaires pour le financement non seulement de l'organisation du premier et du second tour de la présidentielle, mais aussi des élections législatives et communales, l'ONU, par le biais du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), appelle à une consultation sécurisée et apaisée.
Car, selon la coordinatrice résidente du système des Nations Unies et du PNUD à Madagascar, Fatma Samoura, dans un entretien à Xinhua, "comme toute élection de sortie de crise, les enjeux sont énormes. A voir le matériel et les équipements qui ont été déployés, ainsi que les moyens, on se dit que ces gens qui ont investi ont quand même envie de gagner les élections. Maintenant, il s'agit d'une élection où il ne peut pas y avoir plus d'un vainqueur : deux pour le premier tour et un seul pour le deuxième tour".
"Il va de soi, poursuit celle-ci, que quelles que soient les dispositions qui ont été prises par les organisateurs et ceux qui appuient les processus électoral, il y a des risques que nous ne pouvons pas maîtriser. Ce sont des risques d'abord de non représentativité des électeurs, parce que pour la première fois aussi Madagascar a introduit à l'instar du Mali l'usage de ce bulletin de vote unique, qui reprend les logos et les photos des 33 candidats dont les noms ont été validés. Il faut savoir l'utiliser."
7.823.305 électeurs malgaches inscrits sur une population estimée entre 20 et 22 millions d'habitants sont en effet appelés à se rendre dans 20.001 bureaux de vote dans les 22 régions administratives de cette grande île de l'océan Indien pour désigner leur futur président pour les cinq prochaines années parmi 33 candidats retenus dans la liste officielle de la Cour électorale spéciale, dont deux femmes.
Cette présidentielle aurait dû se tenir dans un premier temps en mai. A cause des blocages causés par le refus de se retirer de la course du président de la Transition Andry Rajoelina, l'ex-président Didier Ratsiraka et Lalao Ravalomanana, épouse de l'ex-chef de l'Etat en exil en Afrique du Sud Marc Ravalomanana, elle a été reportée en juillet avant d'être finalement fixée au 25 octobre pour le premier tour et le 20 décembre pour le second tour.
Pour y arriver, il a fallu l'invalidation des dossiers de ces trois candidats de ces trois principaux protagonistes de la crise malgache, parmi cinq autres jugés en fin de compte irrecevables par la Cour électorale spéciale, sur la base des pressions de la communauté internationale exaspérée par la persistance de l'impasse politique orchestrée par le coup d'Etat de Rajoelina de janvier 2009 contre le pouvoir de Ravalomanana.