Après une campagne très animée d'un mois où elle a fait entendre sa voix pour son combat en faveur de l'écologie politique, Saraha Rabeharisoa, une des deux femmes en lice à la présidentielle tenue vendredi à Madagascar, a affirmé lors de son vote à Antananarivo se voir couronner comme une alternative pour le changement dans ce pays africain.
"Je suis une alternative en tant que femme et en tant que vecteur de l'écologie politique. Et je pense que ce pays a vraiment besoin d'un changement tant dans la façon de faire la politique que de la façon dont nous menons le redressement nécessaire", a-t-elle déclaré dans un entretien avec Xinhua au sortir de son vote aux environs de 8h15 locales (5h15 GMT), soit plus de deux heures après l'heure officielle du début des opérations fixée à 6h, dans un quartier de la commune du 2e arrondissement de la capitale.
Inscrite au bureau n°4 du centre de vote ouvert à l'école primaire publique Ambohitsoa qui a démarré ses activités avec un retard d'un quart d'heure à cause d'une défaillance dans la mise en place du matériel électoral, selon le responsable, la présidente du Parti vert de Madagascar a fait son apparition en compagnie d'une forte délégation composée de membres de son équipe de campagne.
C'est un site de vote qui, comme bien d'autres à Antananarivo, accueillait des dizaines d'électeurs dès son ouverture, un engouement qui illustre le caractère crucial de cette élection par lequel les Malgaches espèrent tourner la page à près de cinq ans de crise politique engendrée par le coup d'Etat d'Andry Rajoelina, président de la Transition, de janvier 2009 contre le pouvoir de Marc Ravalomanana (en exil depuis lors en Afrique du Sud).
Candidate no. 16 sur la liste électorale décidée par la Cour électorale spéciale (CES) avec le concours de la communauté internationale, Saraha Georget Rabeharisoa ambitionne de conduire le peuple malgache vers l'assainissement de son environnement couvert de pollution. Mais peu d'observateurs parient sur sa victoire.
A 43 ans, cette femme d'affaires diplômée de science politique et de droit en France a au cours de la campagne électorale étalée du 23 septembre au 24 octobre à 6h, fait la propagande d'un programme politique qui met l'accent sur le social et prévoit de "redresser le secteur privé, accorder une autonomie à tout ce qui est travail rattaché à la terre, surtout les énergies renouvelables tirées de l'hydraulique", a-t-elle réaffirmé à Xinhua.
Elle a salué "un instant qu'on a tous espéré vivre. C'est une étape très importante qui a été franchie pour le pays et pour toute la zone de l'océan Indien. J'encourage d'ailleurs tout le monde à venir aujourd'hui voter, quoique dans certaines parties de l'île on note des anomalies déjà. On déplore la mort d'un président d'un bureau de vote dans le Sud. Mais je pense qu'on va vers l'apaisement".
Il s'agit là d'un épisode malheureux qui confirme les inquiétudes pour les risques de violences exprimées dans un entretien avec Xinhua à la veille du scrutin par la coordinatrice du système des Nations Unies et représentante résidente du Programme des Nations Unies (PNUD) à Madagascar, Fatma Samoura.
"C'est toujours l'insécurité. Nous, on encourage les gens à aller voter plutôt dans la matinée pour éviter les risques de violences en soirée", a mentionné la militante écologique qui a dit par la suite faire confiance depuis le début du processus dans l'organisation des opérations de vote.
De fait, a-t-elle laissé entendre, "ce n'est pas maintenant qu'on va remettre les choses sur le plateau. Mais il y a toujours à faire et aujourd'hui chacun doit vraiment se sentir responsable de son choix et aussi de l'apaisement pour la société en général".
Certes, dit-elle, l'organisation des élections a généralement été marquée de fraudes. Mais pour le présent rendez-vous électoral auquel elle prend part en tant que candidate, Saraha Rabeharisoa a dit écarter la possibilité de fraudes.
"C'est la première fois que nous travaillons avec la communauté internationale. En tout cas ici tout se passe très bien. Je suis satisfaite", a-t-elle assuré, après avoir indiqué que "je pense que ce sera assez compliqué de frauder, compte tenu que les bulletins sont codés au niveau des communes".
"Cela dit, l'effectivité de l'existence de ces bureaux de vote et puis le travail même des membres des bureaux de vote, tout dépendra vraiment de la responsabilité que chacun porte pour cette élection. On verra", a enchaîné l'égérie de la promotion de la préservation de l'environnement de Madagascar.