L'année 2013 qui s'est achevée a été marquée au Niger par une cascade d'événements politiques dont les plus saillants sont l'éclatement de la mouvance présidentielle marquée par le départ du principal allié, le MODEN, la création d'un gouvernement d'union nationale et le vote d'une motion de confiance à l'Assemblée nationale en faveur du gouvernement du Premier ministre Brgi Rafini.
En effet, alors que le président nigérien Mahamadou Issoufou s'attelait, en août dernier, à la mise en place d'un gouvernement de large ouverture "pour l'intérêt national", le Mouvement démocratique nigérien pour une Fédération africaine (MODEN/FA Lumana-Africa) du président de l'Assemblée nationale du Niger Hama Amadou, principal allié du régime présidentiel, a, contre toute attente, décidé de quitté l'alliance.
Le MODEN/FA Lumana-Africa a justifié sa décision par le fait que "le président de la République ait nommé ses ministres sans consulter son président et sans prise en compte de ses intérêts politiques".
Le parti de Hama Amadou dont le soutien au 2ème tour des élections présidentielles de 2011, ont permis à Mahamadou Issoufou d'accéder au pouvoir, s'est senti offensé, méprisé par cet acte. Aussi, en dépit des multiples appels du président Issoufou et de son parti, ainsi que de la classe sociopolitique nigérienne en général, le MODEN a préféré rejoindre l'opposition.
Le 13 août 2013, alors que l'opposition continuait de poser des préalables à toute participation à un gouvernement d'union nationale, exigeant du président Issoufou, entre autres, une déclaration avouant son échec dans sa gestion, le poste du Premier ministre, et l'organisation d'élections législatives anticipées, le chef de l'Etat publia la liste d'un nouveau gouvernement comprenant six personnalités de taille parmi lesquelles le Secrétaire général et deux présidents des instances régionales du MNSD (principal parti de l'opposition), le vice-président et le secrétaire général du MODEN, qui ont accepté l'offre du président Issoufou et occupent des ministères clés.
Mieux, dans une déclaration rendue publique à Niamey, le 31 août, les députés nationaux dont plusieurs de l'opposition politique ont félicité le président nigérien Mahamadou Issoufou pour la mise en place d'un gouvernement de large ouverture et pris l'engagement de soutenir toutes ses actions.
Par ailleurs, ils ont tenu à rassurer l'opinion nationale et internationale que par leur nombre "ils assurent une majorité confortable qui assure au pays la stabilité politique dont il a besoin pour son progrès économique et social".
De son coté, réagissant à la formation de ce gouvernement ouvert à des militants notamment du principal parti de l'opposition, le Mouvement National de la Société de Développement, contre l'avis de leur formation, l'opposition politique nigérienne a accusé le président Mahmadou Issoufou de "mauvaise foi notoire".
"Alors que d'une part, il assurait les leaders de l'Alliance pour la Réconciliation nationale (ARN, opposition) que son option n'est pas une recomposition politique qui exclurait tel ou tel parti mais plutôt une union bénéfique pour le pays, d'autre part, il opérait des actes de division au sein des formations politiques ", a-t-elle indiqué.
Selon l'opposition à travers son initiative de constitution d'un gouvernement d'union "les profondes motivations du président de la République ne sont manifestement que la consolidation de son pouvoir".
L'autre fait politique saillant de l'année 2013 au Niger a été sans doute le vote de confiance auquel le Premier ministre Brigi Rafini a soumis son gouvernement devant l'Assemblée nationale du Niger. Un fait "inédit", selon le porte-parole du gouvernement Marou Hamadou.
Cette procédure engagée par le gouvernement, rappelle-ton, obéit aux dispositions de l'alinéa 2 de l'article 107 de la Constitution nigérienne qui dispose que : "Le Premier ministre peut, après délibération du Conseil des ministres, engager la responsabilité du gouvernement devant l'Assemblée nationale en posant la question de confiance sur le vote d'un texte. Le texte est considéré comme adopté s'il recueille la majorité absolue des votes".
Sinon, il subira les conséquences de l'article 108 suivant de la Constitution qui dispose que : "Lorsque l'Assemblée nationale adopte une motion de censure, désapprouve le programme ou une déclaration de politique générale du gouvernement ou lui refuse sa confiance à l'occasion du vote d'un texte, le Premier ministre remet au président de la République la démission du gouvernement".
Le texte obtint un vote favorable de 70 députés sur les 113 que compte l'Assemblée nationale.
Et depuis, au Niger, le pouvoir, dans sa nouvelle composition, gouverne, l'opposition renforcée par l'arrivée d'un combattant de taille, joue son rôle de contrepoids, à l'honneur de la démocratie nigérienne.