A moins d'une semaine de la célébration de la fête des religions traditionnelles du Bénin, la fièvre est montée d'un cran dans les couvents et temples de Vodoun des villes et villages du pays, à travers les rituels, les incantations, les libations, le tout dans un concert de chants et de danses traditionnelles en vue d'établir le contact avec les divinités et les esprits des ancêtres.
Dans les couvents des grandes villes du sud du pays, notamment de Cotonou, de Godomey, d'Abomey-calavi et d'Akassato, l' atmosphère est celui des grandes retrouvailles.
Les prêtres, les prêtresses et leurs adeptes, parés de leurs plus beaux habits s'activent déjà aux premiers rituels entrant dans les manifestations de la fête des religions endogènes.
"Nous n'allons pas attendre vendredi 10 janvier, jour de la fête des religions traditionnelles pour nous organiser. Déjà, à moins d'une semaine de cette fête, nous devons préparer le terrain, à travers des libations, des offrandes et même entrer déjà en contact avec les divinités et les esprits de nos ancêtres", a confié à Xinhua Dah Ablessou, prêtre de la divinité Thron.
"Déjà ce samedi, nous avons commencé les manifestations de cette fête des religions endogènes par les offrandes aux différentes divinités, notamment Ogu (dieu du fer), Hêviosso (dieu du tonnerre), Sakpata (dieu de la variole), Mami Wata (déesse de l' eau), pour solliciter leurs bénédictions, pour une paix durable, non seulement au Bénin, mais aussi dans toutes les régions du continent africain, où la paix est menacée", a expliqué Dah Aligbonon Akpochihala, sage des religions endogènes.
Depuis l'institution en 1994 de la date du 10 janvier comme journée chômée payée pour commémorer cette fête, des milliers d' adeptes affluent au Bénin pour célébrer l'événement qui donne lieu à des manifestations spectaculaires et féeriques.
ORIGINE DU VODOUN
Selon les historiens béninois, le Vodoun a des origines qui remontent à plusieurs milliers d'années. Sans autre précision, des découvertes archéologiques sur le littoral ouest africain laissent penser que les cultes Vodou y étaient pratiqués depuis plus de 4. 000 ans.
Déjà vers la fin du 15ème siècle, ont-ils expliqué, des voyageurs et des commerçants européens décrivaient dans leurs récits des cérémonies et des temples Vodoun.
"Ces cérémonies, à l'image du temple Dangbé (python), au Bénin, n'ont pas connu de transformations majeures au cours des siècles", ont-ils ajouté.
Le Vodoun, qui n'est pas fondé sur une conception dualiste du monde (la vie et la mort, le ciel et la terre), signifie en langue Fon : "Ce qu'on ne peut élucider, la puissance efficace".
Il peut également se traduire par Dieu ou Esprit. Cette religion lie la nature et ses phénomènes à des divinités ou des esprits avec lesquels il est possible de communiquer, grâce au phénomène de la transe.
Les adeptes du Vodoun indiquent que ce dernier est l'émanation d'un créateur unique qui s'est manifesté dans les entités Mawu et Lissa, incarnations des principes masculin et féminin.
D'après la légende, Mawu et Lissa ont engendré quatorze enfantsdotés de pouvoirs surnaturels qui, à leur tour, ont eu des descendants : Shango ou Hêviosso, dieu du tonnerre et de la foudre, Gou, dieu du fer et des forgerons, Nana Bouloukou, déesse de la terre, de la nuit et des mystères, Sakpata, dieu de la justice et de la variole et Dan, dieu de la prospérité.
Ainsi, aux yeux des profanes, les rites et cérémonies Vodoun peuvent passer pour de la pure superstition, de la magie noire, voire de la sorcellerie.
Mais pour le Vodoussi (adepte du Vodoun), ces rituels constituent un moment important de la vie où les dieux et les esprits des ancêtres exercent une influence positive directe sur la vie des êtres humains.
Selon les statistiques, 37% de la population béninoise, estimé à plus de 10 millions d'habitants, pratique les religions traditionnelles (animisme), alors que les catholiques représentent) 27%, les musulmans 24% et les protestants 12%.