Au moment où Areva et le Niger renégocient leur partenariat, c'est un pavé dans la mare que lance l'ONG Oxfam, dans un rapport publié le 22 novembre, qui dénonce un accord déséquilibré. Selon Oxfam, en effet, le géant du nucléaire français extrait près de 40% de son uranium dans ce pays africain pauvre, et dit qu'en France, une ampoule sur trois est éclairée grâce à l'uranium nigérien, alors qu'au Niger, près de 90% de la population n'a pas accès à l'électricité.
Selon le rapport, entre 1971 et 2010, dernière année pour laquelle des chiffres sont disponibles, Areva et ses prédécesseurs (le Commissariat à l'énergie atomique et la Cogema)auraient extrait 114 346 tonnes d'uranium, alors que l'Etat nigérien n'aurait touché sur cette période que 300 milliards de Francs CFA (environ 459 millions d'Euros), soit à peine 13% de la valeur d'exportation totale estimée à 2 300 milliards de Francs CFA (plus de 3,5 milliards d'Euros).
Du côté d'Areva, dont l'Etat français est actionnaire à plus de 80 %, le son de cloche, on s'en doute, est différent : « Depuis quarante ans, l'Etat du Niger a perçu 871 millions d'Euros, c'est-à-dire 85% des revenus directs ; Areva 129 millions d'Euros, soit 13% ; et 24 millions d'Euros pour les partenaires directs étrangers, soit 2 % », a expliqué un porte-parole d'Areva. En 2012, a-t-il ajouté, 70% des recettes globales sont allées à l'Etat du Niger, 27% à Areva et les 3% restants aux autres partenaires étrangers.