Le Pakistan a exprimé vendredi sa profonde préoccupation auprès des Etats-Unis suite à la récente attaque de drone qui a tué au moins six étudiants et professeurs dans une école religieuse du nord-ouest du pays.
Un appareil sans pilote de l'armée américaine a tiré jeudi matin des missiles sur la "madrassa" du district de Hangu dans la province de Khyber Pakhtunkhwa. Il s'agit de la première attaque de drone américain dans une région habitée, ce qui provoque l'inquiétude du Pakistan face à l'extension par les Etats-Unis de leur campagne de drones hors des régions tribales.
"Le conseiller du Premier ministre pour les Affaires étrangères et la sécurité nationale a exprimé la profonde préoccupation du gouvernement du Pakistan auprès des Etats-Unis au sujet de l'attaque de drone du 21 novembre", a déclaré vendredi le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
"La profonde préoccupation du gouvernement pakistanais a été transmise à l'ambassadeur américain à Islamabad le jour même", ajoute le communiqué.
Le conseiller a insisté à nouveau sur le fait que les attaques de drones américains constituaient non seulement une violation de la souveraineté et de l'intégrité territoriale du Pakistan, mais avaient également un impact négatif sur les efforts du gouvernement à poursuivre le consensus obtenu lors de la Conférence de toutes les parties afin d'explorer le processus de dialogue dans le but d'amener la paix et la stabilité au Pakistan et dans la région.
"Le gouvernement du Pakistan demande la cessation immédiate de ces attaques de drones", indique le communiqué.
Le texte précise que le gouvernement actuel a soulevé la question des attaques de drones auprès de l'administration américaine et des Nations Unies. Lors de sa récente visite aux Etats-Unis, le Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif a également évoqué la question avec le président Barack Obama et d'autres dirigeants américains de premier rang.
Les sources de sécurité expliquent que le séminaire attaqué était lié au réseau Haqqani et que Maulvi Ahmed Jan, adjoint du chef du groupe, fait partie des personnes qui ont été tuées par la frappe.
Les Etats-Unis ont mené le raid aérien un jour après que le conseiller du Premier ministre pour les Affaires étrangères Sartaj Aziz eurent expliqué à la Commission des Affaires étrangères du Sénat que Washington avait promis de ne pas lancer d'attaques pendant les négociations du gouvernement pakistanais avec les talibans.
M. Aziz a expliqué que l'attaque de drone américain qui a tué le chef taliban Hakimullah Mehsud ce mois-ci avait nui aux négociations de paix entre le gouvernement et les militants.
Hakimullah Mehsud a été tué par des missiles lancés par un drone américain sur la région tribale du Nord-Waziristan le 1er novembre, juste un jour avant une rencontre avec un groupe d'érudits islamiques qui devaient discuter d'un agenda et d'un lieu pour des négociations.
Le groupe Tehrik-e-Taliban Pakistan a refusé de négocier avec le gouvernement suite à l'assassinat de leur chef et a également promis des attaques de représailles.
La question des attaques de drones est à l'origine de tensions entre le Pakistan et les Etats-Unis, Washington n'étant pas prêt à mettre un terme à ses opérations secrètes malgré la condamnation publique d'Islamabad.
Les Etats-Unis insistent sur le fait que le Pakistan a échoué à agir contre les agents d'al-Qaïda et les militants talibans de la région tribale du Waziristan, lesquels sont accusés d'attaques en Afghanistan à travers la frontière.