D'après la ministre déléguée marocaine auprès du ministre de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement, chargée de l'Eau, Mme Charafat Afilal, le Maroc a mis en oeuvre une stratégie pour lutter contre l'insuffisance en ressources en eau lors des prochaines années.
Celle-ci vise la mobilisation de 2,5 milliards de m3 par an à travers la réalisation de 59 barrages, dont 28 de grande capacité, pour une enveloppe de 11,5 milliards de DH, et plusieurs petits barrages pour un montant de 1,7 milliards de DH (1 dollar=8 dirhams), ainsi que par le projet de transfert des eaux des bassins du nord vers les régions déficitaires, devant permettre l'acheminement de 800 millions de m3 d'eau par an pour un coût de 2,5 milliards de DH.
Il s'agit aussi de réaliser des unités de dessalement des eaux d'une capacité de 400 millions de m3 par an, de réutiliser, après traitement, près de 300 millions de m3 d'eau usée et de généraliser la collecte des eaux de pluie. Une meilleure gestion de la demande en eau permettra, chaque année, d'économiser 2,4 milliards de m3 d'eau d'irrigation et d'introduire la micro-irrigation (goutte-à-goutte) dans 50 000 ha de terres, en plus d'économiser 120 millions de m3 d'eau potable, via l'amélioration de l'efficacité des réseaux, la promotion des nouvelles technologies, la révision des tarifs de l'eau et l'encouragement du recyclage. La mise en œuvre de l'ensemble de ces mesures permettra, à terme, d'économiser près de 5 milliards de m3 et de promouvoir des comportements plus responsables dans l'utilisation de l'eau, à travers le changement des habitudes de consommation, et de reconstruire les réserves d'eau souterraine, de généraliser l'accès à l'eau potable et de réduire la pollution des ressources.
Sur ce dernier problème, Mme Charafat Afilal précise que 640 millions de m3 d'eau usée sont déversés chaque année dans la nature et seuls 25 % de ces quantités sont traitées, sans oublier la pollution due aux pesticides et aux activités industrielles, l'érosion des sols qui dans les bassins hydrauliques et l'envasement des barrages qui cause la perte de 70 millions de m3 par an.
Le Maroc risque une insuffisance en ressources en eau, puisque la demande en cette ressource hydrique naturelle atteindra 16,7 milliards de m3 en 2030 contre 13,7 milliards actuellement. Selon un rapport élaboré par le Haut Commissariat marocain aux Eaux et Forêts et à la Lutte contre la désertification, le Maroc a franchi l'étape du manque pour passer à celle de la rareté en matière d'eau, ajoutant qu'à l'horizon 2020, la part d'eau pour chaque citoyen sera réduite de 49%, ce qui signifie que le citoyen marocain ne disposera que de moins de 400 m3 au cours des prochaines années.
Malgré les grands efforts déployés par l'Etat dans ce domaine, les dernières décennies ont été marquées par une faible valorisation des ressources en eau mobilisées, avec des taux d'efficience des réseaux de distribution ne dépassant pas 70 % pour l'eau potable et 60 % pour les eaux d'irrigation. Pour rappel, le Maroc a connu, durant les 35 dernières années, une vingtaine de périodes de sécheresse avec un déficit des précipitations de plus de 40 % et un manque dans les eaux de surface évalué à plus de 60 %, accompagnés d'une exploitation massive des eaux souterraines.
Aujourd'hui, le Maroc est classé pays à stress hydrique. Pour cette raison, les autorités marocaines mènent des actions pour mobiliser de nouvelles ressources en eau, mais surtout rationaliser l'utilisation de l'eau disponible, afin d'éviter son exploitation abusive.