L'Union internationale du transport aérien (IATA) a mis en garde le gouvernement marocain sur les conséquences de la taxe sur les billets d'avion à l'international, applicable à partir du 1er avril 2014.
L'organisation, qui représente 240 compagnies, estime que "la logique de la taxe va à l'encontre de la Vision 2020 du tourisme". La redevance pénalisera le pavillon marocain et surtout Royal Air Maroc qui sera la première à subir directement les méfaits de la nouvelle taxe avec une perte du chiffre d'affaires estimée à 10 millions de dollars par an, soit environ 80 millions de dirhams. Selon l'IATA, la taxe risque de faire perdre au Maroc 1,1 milliard de dirhams au titre d'un manque à gagner sur le PIB et risque de détruire 13.000 emplois.
Cependant, le ministère marocain du Tourisme a fait part, vendredi, de son étonnement quant à la publication par certains médias d'une lettre adressée par l'IATA à des secteurs gouvernementaux marocains, sans qu'ils en aient reçu copie. Le ministère s'interroge sur la raison qui pousserait une organisation de l'importance comme l'IATA à se permettre d'évaluer la politique nationale dans le secteur du tourisme, un acte qui est du ressort d'autres organismes spécialisés. Comment une taxe ne dépassant pas les 9 euros, soit moins de 1 % de la valeur d'un voyage touristique au Maroc, peut-elle avoir des retombées négatives sur l'activité touristique? s'interroge le ministère, en appelant l'IATA à revoir ses données et à s'assurer des chiffres fournis par certaines parties.
Pour rappel la taxe sur l'aérien, qui permettra de générer près de 400 millions de dirhams au cours de la première année de son entrée en vigueur, aura des répercussions positives sur l'attrait de la destination Maroc et contribuera à la création de dizaines de milliers d'emplois.
Imposée par le Maroc pour appuyer le secteur touristique, la nouvelle taxe aérienne provoque déjà la grogne des compagnies aériennes low cost. Après Ryanair qui a été le premier à le contester en brandissant la menace de supprimer ses 30 vols hebdomadaire entre l'Europe et le Maroc, c'est au tour d'Easyjet d'annoncer l'élimination de ses dessertes vers Fès et Tanger au départ de Paris, en mai prochain. La compagnie britannique impute cette suppression à "l'introduction de la taxe aérienne" et déclare qu'elle "frappe négativement son programme de vol pour la destination".
Par ailleurs, "EasyJet déplore l'introduction de cette taxe, ce qui est pour nuire au secteur et à la croissance économique. Avec des taxes en hausse, les destinations marocaines seront moins attrayantes en comparaison à d'autres villes européennes". Pour l'instant, la compagnie ne révèle pas sa décision à propos de ses 14 vols en provenance de certaines villes européennes et à destination de Marrakech, Agadir et Casablanca. De son côté Ryanair maintient le statu quo.
La réponse de RAM ne s'est pas fait attendre puisque la compagnie aérienne marocaine a décidé de renforcer son offre sur les aéroports de Tanger et Fès, à partir du mois d'avril 2014, selon un communiqué de la compagnie aérienne marocaine. Cette décision intervient suite à la suppression de lignes reliant Tanger et Fès à certaines villes européennes, annoncée par certaines compagnies aériennes étrangères en réaction à l'instauration par les pouvoirs publics d'une taxe aérienne, précise le communiqué.