Au moins 150 personnes ont été tuées dans des attaques séparées ce week-end dans les régions du nord-ouest et du nord-est du Nigeria, le pays le plus peuplé d'Afrique, ont rapporté ici lundi des officiels et des témoins.
Dans l'Etat de Zamfara (nord-ouest), une attaque contre un village éloigné a fait 105 morts lundi, par rapport au chiffre de 30 annoncé plus tôt par la police.
Husseini Adamu, dirigeant traditionnel en charge du village, qui a confirmé ce chiffre, a déclaré aux journalistes au conseil de l'émirat qu'il avait également enregistré les personnes déplacées par l'attaque. Selon lui, des hommes armés ont pris d'assaut une réunion sécuritaire dans le village d'Unguar Galadima.
Les hommes armés sont entrés dans le village avec plus de 100 motos et ont opéré pendant plus de trois heures, a raconté le dirigeant. Des témoins ont rapporté qu'une quarantaine de victimes ont été enterrées dimanche.
Le gouverneur Abdulaziz Yari de l'Etat du nord-ouest n'a pas réussi à contenir ses larmes aux funérailles de masse des victimes, qui comprenaient des femmes et des enfants.
Des éleveurs, récemment devenus une menace de sécurité dans la partie nord du Nigeria, sont soupçonnés d'être à l'origine de cette attaque, selon les habitants. L'État de Zamfara est l'un des États du pays à connaître des attaques fréquentes, avec pour premières victimes les femmes et les enfants.
Dans un autre incident, au moins 25 personnes, des hommes politiques pour la plupart, ont été tuées samedi dans une attaque dans la zone de gouvernement local de Gwoza. Ces personnes, dont l'appartenance politique n'a pas été révélée, ont été abattues le long de la route entre Biu et Maiduguri, où elles se rendaient pour un événement politique.
Les habitants de la communauté ont attribué cette attaque à Boko Haram, la secte violente qui s'est imposée comme une menace de sécurité majeure au Nigeria depuis 2009. Les forces de sécurité ont gardé le silence sur cet incident, pour des raisons non- précisées.
Maiduguri, capitale de l'État de Borno, est le bastion de Boko Haram, une secte qui cherche à faire inscrire la charia, loi musulmane, dans la Constitution du Nigeria, qui est un pays laïc.
Dans l'État voisin de Yobe dans le nord-est du pays, où des dizaines d'étudiants ont été massacrés il y a moins de deux mois, une nouvelle attaque a frappé samedi une mosquée à Buni-Gari, à quelque 60 km au sud de Damaturu, la capitale de l'État.
D'après les témoins, 20 personnes ont été tuées dans cette attaque lorsque des hommes armés, là encore présumés membres de Boko Haram, ont envahi cette communauté à bord de 13 véhicules utilitaires et de motos, tirant au hasard et lançant des cocktails molotov dans la zone.
Le vice-gouverneur de l'État, Abubakar Ali, a qualifié cette attaque "d'ignoble" en rendant visite aux rescapés dimanche.
"C'est une attaque malheureuse et inhumaine infligée à des citoyens innocents sans aucune forme de raison", a déclaré M. Ali, qui s'est dit par ailleurs attristé que cet État du nord ait perdu tant de vies et subi tant de dégâts matériels à cause de l'insurrection.
Il a promis que le gouvernement formerait une commission pour réinstaller les villageois et évaluer le niveau de dégâts ainsi que le niveau d'aide nécessaire pour les victimes. De nombreux survivants ont fui le village pour se réfugier à Damaturu et dans les environs, a-t-il dit.
Aucun groupe n'a revendiqué cette attaque, mais l'État de Yobe, l'un des trois États du nord-est soumis à l'État d'urgence, est un bastion de Boko Haram.