Le départ du Premier ministre malien Oumar Tatam Ly, intervenu samedi, suscite des déclarations contradictoires à Bamako.
Alors que M. Ly publie sa lettre de démission, un conseiller à la présidence de la République malienne affirme en termes à peine voilés qu'il s'agit d'un limogeage.
Dans sa lettre de démission adressée au président malien Ibrahim Boubacar Kéita, Oumar Tatam Ly explique que sa décision est basée sur "des dysfonctionnements et des insuffisances" qu'il a "relevés dans la marche du gouvernement" et qui "réduisent grandement sa capacité à relever les défis".
"Je n'ai pu vous convaincre de la nécessité de ces évolutions, lors de nos entretiens des 2, 3 et 16 mars ainsi que du 4 avril 2014", indique la lettre dont une copie est parvenue à Xinhua.
"En conséquence, en considération de ces vues différentes qui ne me mettent pas dans la position de remplir la mission que vous m'avez confiée, je suis au regret de vous présenter ma démission du poste de Premier ministre", a-t-il écrit dans la lettre.
Aussitôt rendue publique la lettre de démission, un conseiller du président malien a adressé des documents à des journaux locaux pour apporter un démenti.
"Les vraies raisons de la démission du Premier ministre, aux allures de limogeage doivent être recherchées à d'autres niveaux" parmi lesquels, cite-t-il, le "manque de visibilité du Premier ministre", son "inexpérience politique", ses rapports "exécrables" avec la classe politique notamment la majorité, son "incapacité à s'imposer".
L'équipe gouvernementale sous direction de Tatam Ly "est une faillite en perspective où la désarticulation côtoyait l'indigence des initiatives et les résultats (quelques ministres tirent épinglent du jeu), les querelles intestines faisaient oublier l' essentiel".
"Les conseils des ministres ne se tenaient pas fréquemment, parce qu'en absence du président de la République, il n'était pas évident qu'il puisse en imposer au collège par son charisme ou son autorité"! affirme le conseiller.
La même source met en évidence le "manque de résultats et la faillite" du PM sortant et explique que "le choix porté sur Moussa Mara signe bien le retour du politique à la Primature par la grande porte".
Un retour qui "s'analyse bien comme la faillite du technocrate sur lequel le président IBK avait misé pour réaliser son programme ", selon ce conseiller à la présidence malienne.
A son avis, "on ne peut raisonnablement pas compter sur lui ( Oumar Tatam Ly) ni pour monter aux fronts face au MNLA (groupe rebelle touareg) au nord, ni monter sur les remparts face aux conspirateurs qui se liguent au sud".
C'est pourquoi, dit-il, "il fallait débarquer Tatam pour un Premier ministre politique qui connaît le Mali", "un Premier ministre de mission, de croisade et de prospective".
Dans les documents envoyés à la presse locale par le même conseiller du président malien, on retient que le nouveau Premier ministre Moussa Mara est âgé de "seulement 39 ans, mais a déjà un parcours de dinosaure politique".
Icône du landerneau politique malien, le nouveau Premier ministre fait figure de leader des "jeunes premiers" de la politique malienne tant par son "charisme que sa popularité qui lui ont valu d'être maire de la Commune IV du District de Bamako", indique la même source.
Chef de file des "jeunes candidats" à la dernière présidentielle, Moussa Mara devient ainsi le plus jeune Premier ministre de l'histoire du pays.
M.Mara est le président du parti Yéléma, membre à part entière de la "Coalition Mali d'abord" de la majorité présidentielle qui a porté au pouvoir le président Kéita.
Cet expert comptable était avant sa nomination ministre de la Ville et de la Politique urbaine.