Dernière mise à jour à 10h38 le 18/07
Le président rwandais Paul Kagamé a invité, à l'ouverture du 27e sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine dimanche à Kigali, les participants à la réflexion sur "l'objet de notre unité".
Pour lui, cette unité doit contribuer à "l'ancrage de la diversité humaine dans le roc des valeurs universelles", "un principe cardinal" que "le pouvoir apaisant de l'unité" doit offrir à l'Afrique.
Faisant référence au génocide de 1994 au Rwanda, Paul Kagamé a rappelé qu'il y a 22 ans, le Rwanda "a failli presqu'être effacé de la carte du monde" à cause de la division.
Mais, a-t-il précisé, son pays a réalisé "des progrès importants" grâce à l'unité qui a permis de trouver "des solutions innovantes aux défis" et en recourant "à nos propres forces et à nos propres efforts".
Pour le président du Rwanda, "l'unité ne doit pas rester un slogan creux", mais une motivation pour l'Afrique de se défaire des "frontières émanant d'un autre siècle".
"L'Afrique se lève et elle peut aller de l'avant grâce à nos peuples, notre jeunesse et à nos femmes... Notre tâche est de les aider à porter cette Afrique très haut", a souligné M. Kagamé.
Il se dit convaincu que cela ne sera jamais possible qu'en accordant toute l'importance requise aux droits de la Femme. "Sans la solidarité entre les hommes et les femmes, nous ne pouvons pas réussir", a-t-il conclu.
Ce fut ensuite le tour de la présidente de l'Union panafricaine de la jeunesse (UPJ), Francine Muyumba, de prendre la parole pour remercier les dirigeants africaines d'avoir remis les jeunes au centre des politiques de développement et des instances de prise de décisions de l'UA. Elle a souligné que cela était indispensable pour bâtir "une Afrique plus indépendante et plus unie".
Exhortant les décideurs du continent à davantage "investir dans la jeunesse", Mlle Muyumba, a souhaité que l'Union africaine puisse créer un Fonds africain pour le développement de cette frange importante de sa population.
Cette initiative permettra, indique-t-elle, de capitaliser le potentiel des jeunes du continent pour contribuer à son développement conformément à l'Agenda 2063.
Avant de passer la parole à la présidente de la Commission de l'Union l'UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, la présidente l'UPJ lui a décerné une "Distinction de la Paix" pour ses efforts en faveur des droits de la Femme, de l'intégration des jeunes dans les organes, Plans et Programmes de l'Union, et de la paix sur le continent.
Dans son allocution, Mme Zuma a affirmé que l'état des lieux fait à l'occasion du cinquantenaire de l'organisation a abouti à l'Agenda 2063 qui vise à favoriser l'émergence d'un "continent intégré géré par ses citoyens".
Mais, a-t-elle souligné, les "sources d'angoisse" ne manquent pas. Elle fait allusion aux conflits et crises (Burundi, Soudan du Sud, RDC...) et les menaces terroristes en dans le Sahel, le bassin du lac Tchad, le Maghreb...
"Nous ne pouvons pas léguer les conflits violents et les génocides aux futures générations", a martelé la présidente de la Commission. Elle a appelé les décideurs africains à sortir de "l'indifférence" pour "agir".
"Lorsque l'amour de pouvoir pour les peuples africains dépassera l'amour du pouvoir pour soi, la paix règnera en Afrique", a assené Nkosazana Dlamini-Zuma.
Elle a ensuite souhaité que l'autonomisation des filles et des femmes soit une réalité à tous les niveaux, notamment en facilitant leur accès à l'éducation, aux services de santé, à la formation et aux technologies, aux financements, à la terre... Citant le Rwanda en référence, Mme Zuma pense qu'il est temps d'oublier le slogan selon lequel "derrière chaque grand homme, il y a une femme" et opter pour, "les hommes et les femmes côte à côte" pour bâtir l'Afrique.
Pour ce qui est du fonctionnement de l'UA, la présidente la Commission pense qu'il est nécessaire qu'elle s'affranchisse de la dépendance extérieure.
Si Nkosazana Dlamini-Zuma assure avoir apporté sa "pierre à la fondation" de l'intégration africaine, elle se dit aussi convaincue que "le travail n'est pas achevé" car "des défis demeurent", comme la libre circulation des personnes et des biens entre les différents Etats.
Avant de remettre aux présidents Deby et Kagamé leurs passeports panafricains, elle a appelé les pays à créer les conditions de sa délivrance aux citoyens à l'échelle nationale. Les autres chefs d'Etat et de gouvernement, les ministres des Affaires étrangères et des diplomates recevront leurs passeports avant de quitter Kigali.
Cette cérémonie a été aussi marquée une intervention du président de l'Etat de Palestine, Mahmoud Selman Abbas, qui a remis à Nkosazana Dlamini-Zuma "L'Etoile de Jérusalem" en reconnaissance de "ses efforts et son soutien à la cause palestinienne".
Le président Idriss Deby du Tchad et de la Conférence des Chefs d'Etat et de gouvernements de l'UA, a souligné que cette organisation nourrit aujourd'hui de "grandes ambitions d'intégration économique et politique", ce qui, selon lui, nécessite des "mécanismes appropriés" de financement du fonctionnement des organes, des plans, programmes et projets de l'union.
Il a ajouté que s'affranchir de "la dépendance frustrante et compromettante des financements extérieurs" est un immense défi car il faut des "ressources colossales" pour concrétiser l'ambition qui se dégage de l'Agenda 2063.
Le chef de l'Etat tchadien a ainsi exhorté les pays à s'acquitter régulièrement et à temps de leurs contributions statutaires malgré "une conjoncture économique mondiale".
Le président de la Conférence des chefs d'Etat et de gouvernements de l'UA a conclu son intervention par le souhait de créer un Fonds spécial contre le terrorisme alimenté par les Etats et leurs partenaires ainsi que des organisations internationales.
La cérémonie d'ouverture a été précédée d'un huis clos au cours duquel les chefs d'Etat ont évoqué "des sujets qui divisent", notamment le financement de l'Union, et la succession de la présidente de la Commission de l'Union africaine (UA) Dlamini-Zuma.