Dernière mise à jour à 08h36 le 30/03
Protéger les civils au Mali est une tâche complexe pour les Casques bleus de la Mission des Nations Unies au Mali (MINUSMA) en raison d'un environnement dangereux et d'une multitude d'acteurs, explique une responsable onusienne, Anne Kroning, dans un entretien mercredi à ONU Info.
En tant que conseillère principale sur la protection des civils auprès du représentant spécial du secrétaire général au Mali, Mme Kroning s'assure que cet aspect du mandat de la MINUSMA est "la priorité dans nos activités, dans la planification de nos interventions, des opérations militaires et que nous sommes conscients à tout moment aussi des conséquences de nos actes".
Arrivée au Mali en septembre 2017, elle rappelle que la Mission travaille dans un contexte difficile où elle n'est pas perçue par toutes les communautés et parties au conflit comme une force neutre mais plutôt considérée comme une force d'intrusion qu'il faut combattre". "Et donc nos collègues sont exposés au quotidien à des dangers très réels et nous déplorons malheureusement beaucoup de décès parmi nos collègues", souligne-t-elle.
Dans les régions rurales, les marchés hebdomadaires sont d'une grande importance pour les populations et des incidents ont été observés sur certaines routes et sentiers empruntés par les piétons - des vols, des braquages et des violences sexuelles commises contre les femmes. "Nous avons pu avec les collègues de la police et de la gendarmerie sur place organiser des patrouilles régulièrement sur ces axes les jours de marché. Et nous n'avons plus d'incidents" désormais, se félicite-t-elle.
Ainsi, au nord du Mali, la protection des civils est "plus discrète, moins visible, parce qu'elle se joue beaucoup au plan politique (...) dans les échanges avec les autorités, avec les groupes signataires de l'Accord de paix afin de canaliser les tensions, afin de faire respecter l'Accord de paix", explique Anne Kroning.
Au centre du pays, dans les régions de Mopti et de Ségou, "les violences physiques et les menaces sont bien plus concrètes pour les populations". Des civils sont tués suite à des attaques sur des villages, suite à des braquages et à des explosions d'engins explosifs improvisés sur des véhicules civils. "Nous devons adapter notre réponse et notre stratégie et choisir aussi de façon plus appropriée nos moyens d'intervention", souligne-t-elle.
Un autre aspect est la multitude des acteurs qui interviennent au Mali, qu'il s'agisse de la MINUSMA, de la force française Barkhane, des forces maliennes de sécurité et de défense et de la nouvelle force multinationale du Groupe des 5 Etats du Sahel, le G5 Sahel, qui intervient depuis peu dans les zones frontalières tout autour du Mali.
"Cela fait une multitude d'acteurs (...) ce qui crée aussi beaucoup de confusion au sein de la population qui ne fait pas la différence de quelle force il s'agit, sachant que les forces G5 Sahel et Barkhane ciblent spécifiquement les activités terroristes, ce qui n'est pas du tout le mandat de la MINUSMA", note Mme Kroning.