Dernière mise à jour à 08h43 le 03/04
Les autorités marocaines ont pointé du doigt certaines parties qui ne cessent de souffler sur les braises et ne veulent pas que la situation se calme dans l'ancienne ville minière de Jerada, au nord-est du Maroc.
"Ils souhaiteraient même que tout le Maroc soit affecté par ces protestations", affirme le ministre marocain de l'Intérieur, Abdelouafi Laftit, qui s'exprimait lundi devant la Commission de l'Intérieur, des collectivités territoriales, de l'habitat et de la politique de la ville à la chambre des représentants (1ère chambre du parlement marocain).
Pour rappel, les événements de Jerada se poursuivent depuis une semaine après la mort de deux jeunes frères suite à l'effondrement d'une mine clandestine d'extraction de charbon.
Des milliers de personnes s'étaient alors rassemblées sur la principale place de la ville pour exiger "travail et développement", aux cris de "alternative économique", ou "non à la marginalisation". En parallèle, l'appel à la grève générale lancé par des organismes politiques et syndicaux a également été suivi par tous les commerçants et les écoliers de la ville.
Malgré la décision émise par les autorités locales d'interdire toutes les formes de protestation non-autorisées, rappelle M. Laftit, des groupes d'individus ont dernièrement opté pour l'utilisation de la violence en incendiant six véhicules et occasionnant d'importants dégâts matériels à des équipements utilisés par les forces de l'ordre.
Pour répondre à ces provocations, le gouvernement marocain entend toujours interagir positivement avec les revendications raisonnables, et à respecter les engagements qu'il a faits à ce sujet et qui concernent notamment les factures d'eau et d'électricité, le rééchelonnement des arriérés, l'annulation des majorations, l'adoption d'une facturation mensuelle, et le retrait des autorisations, ainsi que l'ouverture d'une enquête sur la liquidation de la société de charbonnage du Maroc.
L'intervention du ministre marocain intervient au moment où s'est ouvert, au tribunal de première instance d'Oujda (Est du pays), le procès de sept mis en cause dans les événements survenus depuis décembre dernier à Jerada. Aussitôt ouvert, il est reporté au 9 avril.
Les prévenus sont poursuivis pour insulte à l'encontre de fonctionnaires publics lors de l'exercice de leurs fonctions et violence à leur encontre ayant entraîné des blessures avec préméditation.
Ils sont également poursuivis pour leur implication présumée dans "des actes de vandalisme et endommagement de biens d'utilités publiques, incitation à la désobéissance, non-assistance aux personnes en danger et incitation à commettre des crimes et des délits".
Toutefois, des représentants de la gauche marocaine ont dénoncé vendredi à Rabat la "répression" des autorités face au mouvement de protestation sociale dans la ville de Jerada, en faisant état d'au moins 70 arrestations depuis mi-mars.
"Il y a eu au moins 70 personnes arrêtées, ce qui fait beaucoup pour une petite ville comme Jerada" (nord-est), a déclaré Abdeslam Laâziz, le secrétaire général du Congrès national ittihadi (CNI, opposition).
"L'Etat répond par la répression aux manifestations pour les revendications économiques et sociales du fait de son incapacité à satisfaire ces demandes et de sa persistance à mener une politique économique qui aggrave les inégalités", affirme la Fédération de la Gauche démocratique (FDG, opposition), qui regroupe plusieurs partis dont le CNI, l'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH) et la Fédération nationale de l'enseignement (FNE, syndicat).