Dernière mise à jour à 08h29 le 15/10
Les contextes sécuritaires hostiles et le manque de collaboration de la communauté ont fait augmenter d'une manière rapide le nombre de cas des personnes contaminées par l'épidémie de fièvre hémorragique à virus Ebola dans le territoire de Beni, province du Nord-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), a indiqué ce samedi Oly Ilunga, ministre congolais de la Santé.
C'est au cours d'un point de presse tenu à Kinshasa ce samedi que le ministre de la Santé a présenté l'évolution de l'épidémie d'Ebola dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri qu'il juge très inquiétante suite à une nouvelle vague des cas enregistrés depuis quelque temps.
A en croire M. Oly Ilunga, parmi les zones touchées, la ville de Beni est désormais le foyer principal de l'épidémie où plusieurs cas sont en train d'être enregistrés rapidement. Pour les autorités sanitaires, il y a plusieurs contextes et facteurs qui justifient cette situation sur terrain.
"Les facteurs ayant ralenti les avancées de la riposte dans la ville sont entre autres la résistance communautaire envers l'équipe du ministère de la Santé déployée sur le terrain. Nous ne pouvons rien faire si la communauté n'arrive pas à comprendre la gravité de la situation épidémiologique qui sévit dans leurs propres communautés", a regretté Oly Ilunga.
Pour le ministre, cette situation en cours de la résistance communautaire sur le terrain a créé une zone d'ombre pour les équipes de riposte. Suite aux difficultés dans l'identification et le suivi des contacts, la majorité des nouveaux cas confirmés rapportés ce mois-ci ne font pas partie de la liste des contacts connus et les liens épidémiologiques ne sont identifiés qu'après une investigation approfondie.
Dans la zone du Nord-Kivu touchée par l'épidémie, les membres de la communauté refusent de coopérer avec les agents du ministère de la Santé et d'autres partenaires déployés sur le terrain pour organiser les opérations de riposte. La majorité de la population des zones touchées refuse d'accepter l'existence de l'épidémie dont elles traitent d'un simple fait diabolique. Pour la plupart des malades et leurs proches, seuls les féticheurs peuvent résoudre les problèmes liés à l'épidémie d'Ebola.
Les contextes politiques et sécuritaires font également partie des difficultés évoquées par le ministre dans la riposte contre l'épidémie. La ville de Beni est sous une haute tension politique suite aux mécontentements de la population face aux multiples attaques des rebelles ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF), depuis la déclaration de l'épidémie dans cette zone.
Plusieurs fois au courant de la semaine passée, la population et la société civile ont appelé à une ville morte pour protester contre les tueries de la population par les rebelles dans la ville de Beni, de Butembo et les environs du territoire dont la majeure partie sont affectée par l'épidémie en cours.
"Face à ces défis, la coordination a commencé à élaborer un nouveau plan de riposte qui prend en compte ces dimensions additionnelles liées aux réalités du terrain. Cette nouvelle approche est basée sur le co-ciblage qui vise à ce que des actions concertées soient menées par des équipes multidisciplinaires autour des cas et alertes", a ajouté Oly Ilunga.
Par ailleurs, la ville de Beni a été divisée en 18 zones opérationnelles qui correspondent aux 18 aires de santé de la ville avec des équipes de riposte spécifiques. Ainsi, seule la poursuite des investigations va permettra de déterminer l'ampleur réelle de cette deuxième vague de cas confirmé à Beni.
Depuis sa déclaration début août dans huit zones de santé du territoire de Beni, cette dixième épidémie enregistrée dans le pays depuis 1976, a déjà fait au moins 130 morts dont 95 parmi les 170 cas confirmés, selon le bulletin ministère de la Santé, qui a exprimé aussi ses inquiétudes sur le nombre élevé des personnels sanitaires contaminés par l'épidémie dont trois sont déjà décédés sur la vingtaines affectées par le virus.
Malgré ces défis énormes qui entourent l'opération de riposte de cette épidémie dans l'est du pays, le ministre a rassuré que des avancées positives dont l'augmentation significative du nombre d'alertes reçues et investiguées par jour sont néanmoins enregistrées et ceux-ci indiquent qu'il y a un renforcement de la surveillance. Depuis le début de la vaccination le 8 août, 16 518 personnes ont été vaccinées.