Tunisie: le textile-habillement commence à voir le bout de tunnel

Sur les onze premiers mois de l'année en cours, les exportations du secteur du textile-habillement ont cru de 17,51% pour des recettes de l'ordre de 6.683 millions de dinars (un dinar vaut 0,34 dollar), a-t-on appris mardi auprès du ministère tunisien de l'Industrie et des PME (petites et moyennes entreprises).

"Cette croissance se réduit à uniquement 2,58% une fois calculée en euro soit une enveloppe de 2.152 millions d'euros", a commenté Samir Rekik, directeur général au ministère de l'Industrie et des PME, en marge d'une journée d'information au siège du Cepex (Centre de promotion des exportations).

M. Rekik a précisé que le taux de couverture de ce secteur s'est établi à 125% durant les onze premiers mois de l'année en cours.

Selon lui, "cette performance s'explique par la récupération de la confiance des investisseurs étrangers et des partenaires internationaux envers ce secteur vital pour la relance de l'économie tunisienne".

"Le textile-habillement demeure le premier secteur en Tunisie au titre du nombre d'emplois générés avec pas moins de 151.662 postes, ce qui représente 32% de l'ensemble des emplois favorisés par les industries manufacturières".

Mieux encore, le textile-habillement trône en tête des secteurs en matière de nombre d'entreprises soit 1.609 entreprises jusqu'à fin 2017 dont 83% totalement exportatrices, d'après les chiffres énoncés par M. Rekik.

"Après un mauvais redémarrage depuis 2011, le secteur du textile-habillement commençait à partir de 2017 à se mettre sur les rails avec une certaine dynamique grâce à deux facteurs-clé : la volonté des professionnels à surmonter la crise mais aussi un bouquet de 22 mesures gouvernementales lancés depuis juin 2017", a expliqué le responsable tunisien.

Chef d'une entreprise tunisienne de textile, Abdelkarim Juini a regretté voir son pays (Tunisie) perdre son rayonnement régional et international en la matière. En effet, "la Tunisie était, jusqu'à 2010, le 4ème fournisseur de l'Union européenne en textile (...) huit années plus tard, on est classé 9ème en perdant une grande partie de notre capacité compétitive".

Pour M. Juini, "le vif du problème n'est autre que l'équation disproportionnée entre formation-emploi-encadrement", sachant que le taux d'encadrement dans ce secteur ne dépasse pas les 8% actuellement en Tunisie outre des procédures complexes au niveau de l'administration et les exportations.

Bien qu'elles représentent 80% ou presque du tissu industriel de tout le secteur du textile, les PME tunisiennes trouvent encore des difficultés énormes pour pouvoir accéder aux marchés internationaux ou encore conquérir de nouveaux horizons pour ainsi se relancer dans des filières techniques comme l'habillement, la conception et l'innovation.

Du côté du gouvernement tunisien, le problème s'avère plus profond avec une "féroce" concurrence émanant de certains pays à un niveau de rémunération bas par rapport à celui enregistré en Tunisie.

Membre du Conseil d'analyses économiques (CAE), relevant du gouvernement tunisien, Sami Zaoui pense que "le manque de la main d'ouvre, la baisse de la production outre des lacunes au niveau de l'encadrement depuis 2010 n'ont fait que nourrir la crise de ce secteur".

Selon lui, "le programme de réanimation économique, conçu par le CAE pour la période 2019-2020, fondé sur une réanimation sectorielle dont une panoplie de mesures exclusivement pour le textile-habillement".