Dernière mise à jour à 08h59 le 18/12
Depuis le 17 novembre, des dizaines de milliers de Français se sont spontanément organisés via les réseaux sociaux, vêtus de gilets jaunes, manifestant contre l'augmentation des taxes sur les carburants imposée par le gouvernement, ce qui a entraîné une hausse des prix de l'essence et leur a donné dans le même temps une occasion d'exprimer leur mécontentement face aux réformes du gouvernement visant notamment à réduire les aides sociales. L'ampleur du mouvement et sa forte dissimulation ont pris le gouvernement français par surprise. À l'heure actuelle, le mouvement des « gilets jaunes » continue à fermenter, dans la rue comme en ligne, plongeant l'ensemble de l'arène politique française dans une sorte de fébrilité.
La difficulté de mettre en œuvre des réformes dans le contexte des difficultés de la classe moyenne
La cause de base du mouvement des « gilets jaunes » est la hausse des prix des carburants, qui tient au fait que, dans le contexte du ralentissement économique et de la hausse des impôts décidés par le gouvernement ces dernières années, le pouvoir d'achat de la classe française à faibles revenus a diminué, sans parler d'une absence de sentiment de complétude.
Un rapport de recherche publié par le groupe de réflexion français « Institut de la situation économique française » le 20 novembre 2008 a montré que, entre 2008 et 2016, en raison du ralentissement économique, le gouvernement a pris des mesures augmentant le fardeau des diverses taxes et redevances afin de réduire le fossé entre riches et pauvres. Le pouvoir d'achat annuel de tous les ménages français a diminué de 440 euros en moyenne. Selon le rapport, bien que le revenu des ménages les plus riches (5%) ait diminué, leur richesse leur a toutefois permis de mieux résister ; mais si les 5% des familles les plus pauvres ont pu bénéficier de divers types de subventions, c'est pour les classes moyenne et inférieure de ce « sandwich » que l'impact du choc de l'augmentation des taxes a été le plus important.
Selon un récent sondage réalisé par Ipsos, un cabinet français d'études de marché, plus des trois quarts des personnes interrogées estiment que, sous l'actuel Président Macron, le fardeau fiscal de la classe moyenne est plus lourd que celui des riches et des pauvres.
D'autre part, bien que le mouvement des « gilets jaunes » soit devenu une nouvelle forme d'organisation, sa pratique consistant à faire pression dans la rue pour que les réformes soient modifiées ou abandonnées est essentiellement la même que celle des syndicats, soulignant une fois de plus le fossé entre le peuple et que face aux difficultés des réformes qui divisent les différents groupes de la société, il y a une sorte de maladie chronique, celle d'un manque compréhension commune qui permettrait d'aller de l'avant main dans la main.
Au cours de l'année écoulée, et même un peu plus, Emmanuel Macron a lancé une série de réformes qui ont réduit le niveau de bien-être de la population dans son ensemble, telles que la réforme du droit du travail, l'augmentation de la contribution sociale généralisée (CSG), la réforme des compagnies de chemin de fer appartenant à l'État, etc., tout en supprimant l'impôt sur la fortune et les taxes sur les transferts d'actifs, incitant aussi les Français à passer du concept de « partage du gâteau » à celui de « fabrication du gâteau ».
Ces réformes seront bénéfiques à long terme, mais elles vont inévitablement toucher les intérêts à court terme de la plupart des secteurs de la société et l'insatisfaction de la population grandit. Les derniers résultats des sondages montrent que le taux de soutien de l'opinion publique envers Emmanuel Macron est tombé à environ 25%. Dans ce contexte, la volonté des gens de faire pression sur les réformes du Président Macron sous couvert de protestation contre la hausse des prix des carburants via le mouvement des « gilets jaunes » apparait comme particulièrement évidente.
Les analystes ont souligné que l'ajustement des taxes sur les carburants par le gouvernement constituait un effort difficile. Son économie n'ayant pas encore retrouvé une croissance solide et rapide, la France doit dégager des ressources financières pour améliorer sa situation budgétaire et jeter les bases d'une réforme continue.
La direction générale des réformes doit être respectée
Face au mouvement des « gilets jaunes » qui continue à fermenter, le gouvernement français a tenté d'apaiser les sentiments du public, soulignant qu'il entendait « écouter » et « comprendre » le mécontentement de la population et éviter ainsi la dégradation de la situation. Le 27 novembre, Emmanuel Macron a prononcé un discours public et annoncé une série de mesures relatives à l'énergie dans la prochaine décennie. Par ailleurs, le Président français a adopté un ton dur face à l'irrationalité de certaines manifestations de protestation. Il a ainsi publié un tweet le 24 novembre pour condamner la violence de certains manifestants.
Le 1er décembre, il a annoncé sur Twitter qu'il organiserait une réunion conjointe interministérielle afin de discuter et de résoudre des questions connexes après son retour en France le lendemain. Dans le même temps, dans une déclaration très ferme, il a insisté sur le fait qu'il respectait les controverses et était à l'écoute de l'opposition, mais qu'il n'acceptera jamais les actes de violence. Il a condamné les éléments violents et a déclaré qu'ils ne souhaitaient que le chaos et que ces personnes seraient traduites en justice.
Le 4 décembre, le Premier ministre français Edouard Philippe a annoncé que le gouvernement reporterait la taxe sur les carburants de six mois et suspendrait la mise en œuvre de la taxe unifiée sur le diesel et de la taxe sur l'essence. En outre, a-t-il ajouté, le gouvernement organisera des discussions approfondies sur des questions telles que la fiscalité et les dépenses publiques. Cependant, en ce qui concerne l'orientation générale de la réforme, l'opinion publique estime qu'Emmanuel Macron devrait continuer à respecter le rythme établi. Préparé psychologiquement pour la situation actuelle, il a déclaré lors d'une réunion interne qu'il devrait être prêt à faire face à l'effondrement du soutien de l'opinion publique. D'autre part, il se souvient que, avant et après la réforme du droit du travail de l'année dernière, il a connu aussi une chute puis une remontée du soutien de l'opinion publique, ce qui lui a permis d'accumuler un puissant esprit de gouvernance.
Les analystes estiment qu'Emmanuel Macron exerce actuellement un fort contrôle sur le gouvernement et rappellent que ses postes importants, tels que celui de ministre de l'Intérieur, de ministre de la Défense nationale et de ministre de l'Environnement, sont tenus par des amis ou ses plus fervents partisans. Par ailleurs, sa majorité à l'Assemblée Nationale est toujours solide. Par conséquent, bien que les hauts et les bas de l'opinion publique témoignent d'une forte résistance à sa volonté de mettre en œuvre des réformes, cela n'a pas encore eu d'impact considérable sur sa gouvernance réelle.
Depuis le début de cette année, la croissance économique française n'a pas été satisfaisante et le taux de chômage a moins baissé que prévu. Emmanuel Macron doit encore faire une différence en matière d'économie pour renverser cette situation passive.