Dernière mise à jour à 08h10 le 18/12
Le Premier ministre français Edouard Philippe a détaillé plusieurs mesures pour sortir de la crise des "gilets jaunes" lors d'une interview parue lundi dans le quotidien économique Les Echos, évoquant "un changement de méthode".
"Il n'y a pas de tournant. Il y a un changement de méthode. L'objectif reste de créer plus de richesse, de réduire le coût du travail, d'être plus compétitifs, de tenir nos comptes publics", a-t-il expliqué.
"Nous allons accélérer les mesures qui permettent de distribuer du pouvoir d'achat tout en conservant celles qui améliorent la compétitivité des entreprises. C'est la raison pour laquelle nous ne revenons pas sur la bascule du CICE en baisse de charges en dépit de son coût exceptionnel en 2019. Baisser le coût du travail tout en augmentant le pouvoir d'achat est indispensable pour notre pays", a poursuivi M. Philippe.
Il a indiqué que la hausse de salaire pour ceux touchant le SMIC (salaire minimum) annoncée par Emmanuel Macron se traduira par une "hausse massive de la prime d'activité". "Dès le 5 février, la prime sera versée pour compléter le salaire de janvier et atteindre ainsi la hausse de 100 euros", a-t-il expliqué, précisant que le nombre de foyers éligibles "passera de 3,8 millions à 5 millions".
Le Premier ministre a en revanche rejeté une augmentation du SMIC lui-même : "Augmenter le SMIC, et l'augmenter massivement, c'était faire porter sur les entreprises le coût de cette mesure ce qui aurait conduit à une hausse significative du coût du travail défavorable à l'emploi", selon lui.
Concernant la suppression de la hausse de la CSG (contribution sociale généralisée) sur les retraites de moins de 2.000 euros mensuels, M. Philippe a confirmé qu'elle concernerait désormais seulement 30% des retraités, contre 60% initialement.
Pour les salariés, une prime exceptionnelle totalement défiscalisée (impôts, charges sociales, CSG-CRDS) pourra leur être versée "librement" par leurs employeurs "jusqu'à un montant de 1.000 euros, pour les salariés qui gagnent moins de trois fois le SMIC", a-t-il fait savoir, précisant avoir déjà vu "beaucoup d'entreprises dire se saisir de cette opportunité, et pas uniquement des grands groupes comme Total ou Orange".
La baisse du taux d'impôt sur les sociétés, qui doit passer de 33 à 31% en 2019 pour atteindre 25% en 2022, sera finalement appliqué de façon graduelle puisque seules les entreprises ayant moins de 250 millions d'euros de chiffre d'affaires seront concernées, "la mesure étant décalée d'un an pour les autres".
"Nous demandons donc un effort aux plus grandes entreprises pour nous permettre de dégager une recette supplémentaire de l'ordre de 1,8 milliard d'euros", a souligné Edouard Philippe.
Interrogé sur une taxe sur les GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple), le chef du gouvernement a indiqué que la France l'instaurerait "dès 2019 à l'instar de certains de nos partenaires dans l'attente de la taxe européenne qui a fait l'objet d'un accord récent (...) Cela devrait permettre de générer 500 millions d'euros de recettes, et ce niveau peut être atteint dès l'an prochain", a-t-il assuré.
Le coût de ces mesures est estimé à "10 milliards d'euros", a indiqué M. Philippe. "Nous avions annoncé pour 2019 un déficit de 2,8%, en réalité, plutôt de 1,9% du PIB si l'on soustrait le coût exceptionnel de la transformation du CICE en baisse de charges (...) Nous faisons attention aux comptes publics et nous prenons une série de mesures, sur les entreprises et sur les dépenses, de l'ordre de 4 milliards. Cela devrait permettre de contenir le déficit à environ 3,2% pour 2019", a-t-il précisé.