Dernière mise à jour à 09h13 le 23/03
Apres deux jours de report pour des raisons climatiques, le satellite tunisien "Challenge One", premier fabriqué 100% localement, a été lancé avec succès, finalement, ce lundi à 7H07 (heure tunisienne) à partir du cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan à bord du vaisseau spatial russe Soyouz.
Le lancement a été transmis en direct à la salle centrale d'opérations du groupe tunisien "Telnet" (initiateur du projet) en présence du président de la République Kaïs Saïed et du président-directeur général du groupe Mohamed Frikha.
Dans une brève déclaration à cette occasion, le président Saïed a exprimé sa fierté suite à ce lancement, en indiquant qu'il s'agissait d'"un événement qui reflète l'aspiration de la Tunisie et des jeunes Tunisiens à dépasser les limites de la terre et gagner l'espace".
Pour M. Saïed, sa présence au siège de Telnet pour assister à cet événement reflétait une conviction que la jeunesse tunisienne est une vraie richesse qui doit y être investie et une conviction en sa capacité à réaliser des succès.
"Cet événement aurait coïncidé avec le 65e anniversaire de la Fête de l'indépendance, mais cela n'a pas été possible compte tenu du retard dans le lancement du satellite", a-t-il regretté.
"Ce satellite devrait être le prélude à d'autres défis, dont le plus important est de gagner la bataille de l'éducation, car il n'est pas possible de construire une société avancée sans une éducation moderne, ouverte et équilibrée et surtout libre de calculs et intérêts politiques", a commenté le président tunisien, rappelant la proposition qu'il avait précédemment présentée à l'Assemblée nationale constituante en 2012 concernant la création d'une institution constitutionnelle pour l'éducation.
Et d'ajouter que "le peuple tunisien et la jeunesse tunisienne sont capables de surmonter toutes les difficultés et problèmes et faire face à tous les dangers en Tunisie mais aussi dans le monde entier (...) nous ne manquons de rien sauf d'une volonté nationale réelle et d'objectifs nationaux inchangeables".
Pour sa part, Mohamed Frikha a affirmé qu'il s'agissait du "fruit de toute une génération de culture et de savoir ainsi que du travail d'une vingtaine d'ingénieurs tunisiens encadrés par Telnet. Ce premier satellite n'est qu'un premier pas vers l'espace alors que d'autres suivront, dans le but de faire de la Tunisie un pôle spatial en Afrique".
A l'occasion, M. Frikha a annoncé la mise en place d'une école spécialisée dans les sciences de l'espace en collaboration avec l'Etat tunisien : "nous avons aussi présenté une proposition au cosmodrome russe de Baikonour pour envoyer une femme tunisienne à la station spatiale ISS et (elle) serait la première femme arabe à visiter la station".
A noter que "Challenge One" est un petit satellite qui pèse environ 3 kilogrammes. Il sera employé dans la technologie de l'Internet des objets (IOT- Internet of Things) et permettra la transmission des données utiles aux habitants de la Terre par la connexion des objets situés sur notre planète via l'espace en utilisant, pour la première fois au monde, le protocole de communication LoRa destiné à la base pour des réseaux terrestres.
Le satellite permettra la communication et l'échange de données entre différents équipements dans plusieurs domaines, entre autres le contrôle, le transport, l'agriculture et la logistique.
"Il s'agit du premier satellite tunisien et maghrébin et le sixième à l'échelle africaine", a déclaré Ahmed Fadhel, ingénieur tunisien en technologies aérospatiales, en marge de cet événement.
Selon lui, "l'évènement revêt une grande majeure, du fait qu'il va ouvrir de nouveaux horizons pour tout ce qui est formation des ingénieurs et étudiants en matière de technologies de l'espace".
La direction du groupe Telnet a expliqué, en marge de cet événement, que la conception de ce satellite s'inscrit dans le cadre de la recherche scientifique et de l'innovation avec pour finalité de valider des concepts dans les nouvelles technologies et de développer des applications associées pour les élargir à l'échelle universelle via le lancement d'une constellation de 30 satellites.