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Maxime Vivas : « Il n'y a pas un mot de vrai dans la campagne anti-chinoise sur les Ouïgours »

le Quotidien du Peuple en ligne | 05.03.2021 14h33

Le journaliste et auteur français Maxime Vivas a publié fin 2020 son livre les « Ouïgours, pour en finir avec les fakes news » à la maison d'édition de la Route de la Soie. A travers des vérifications détaillées, l'auteur a souligné le fait que les informations des médias occidentaux sur les Ouïghours sont remplies de mensonges. Le journaliste s'est rendu deux fois au Xinjiang pour mener des enquêtes et a suivi de près les discours des médias occidentaux sur la région. Il a regretté dans son livre qu'« il n'y a pas un mot de vrai dans la campagne anti-chinoise sur les Ouïgours ».

Deux voyages au Xinjiang

Maxime Vivas est allé au Xinjiang en 2016 et 2018. La première fois avec une quarantaine de journalistes de 20 nationalités différentes. Ils ont traversé le Xinjiang en minibus et avion et visité de nombreuses entreprises, des exploitations agricoles, des écoles et des centres culturels. Le deuxième voyage a eu lieu avec sa compagne, invité par le Bingtuan (le Corps de production et de construction du Xinjiang). Ce qui a frappé Maxime à deux ans d'intervalle, c'est la rapidité extraordinaire avec laquelle la région s'est transformée, notamment avec la construction des bâtiments et des routes. Il se souvient en particulier de la mosquée de Kachgar, plus grande que la cathédrale Notre-Dame de Paris.

Maxime se souvient d'une chef d'entreprise ouïghoure qui, à l'âge de 41 ans, gérait une usine de fabrication de textiles de confection de survêtements dans un village. Cette usine a été montée avec l'aide du gouvernement chinois. Elle a expliqué que grâce à cette usine et aux bourses que l'État a donné à son fils, son fils peut faire des études à l'étranger. Maxime a senti que « pour elle, c'est quelque chose de tout à fait inespéré et elle ne pouvait pas attendre dans sa vie des choses aussi belles. » Le jour de leur rencontre, cette cheffe d'entreprise a été si émue qu'elle s'est mise à pleurer.

Une autre scène a aussi frappé le journaliste. Dans un centre sportif, Maxime a croisé une porte entrouverte dans un couloir. Il a poussé la porte et est entré : c'était une salle de danse où des jeunes filles ouïghoures en justaucorps faisaient de la danse. Cette image a tellement impressionné le journaliste qu'il s'est dit : « Si les fanatiques islamistes remportent la victoire, s'ils créaient une sorte d'État islamiste au Xinjiang, pour ces jeunes filles-là, ce serait fini. Elles ne pourraient plus faire la danse ainsi ».

La politique chinoise du Xinjiang

Maxime a classé la politique du gouvernement chinois du Xinjiang en deux catégories. Selon lui, d'un côté, il s'agit d'« aider le Xinjiang à se développer, aider les habitants à s'éduquer, à apprendre des métiers, à apprendre la langue, c'est la construction et l'ouverture d'usines, d'entreprises, l'aide à l'accès des jeunes ouïghours à l'université, avec un système de discrimination positive ». De l'autre côté, « c'est contrôler tout ce qui pourrait permettre de nouveaux attentats ». « Il y a eu beaucoup d'attentats en Chine. Nous savons ce qu'on a vécu en France, mais on sait moins ce que vous avez vécu en Chine », a souligné Maxime, « ce sont aussi des attentats meurtriers et les terroristes ont appris à manipuler des armes ; ils vont être complètement endoctrinés par Daech et risquent de revenir chez vous ».

Le gouvernement chinois accorde une grande importance à la lutte contre les « trois fléaux » : le terrorisme, le fondamentalisme, le séparatisme. « La Chine est très vigilante et essaie d'empêcher les attentats », a noté Maxime. Selon lui, « le monde entier va souffrir s'il se créait une république islamiste ou une théocratie dans une région aussi grande que celle-là (Xinjiang). Nous avons eu assez de problèmes avec la création de Daech. Le monde n'a pas besoin d'un pays aussi grand que ça, avec des ressources naturelles aussi riches, gérée par des fanatiques. Ce serait dramatique pour l'ensemble des habitants du Xinjiang », a-t-il dit.

D'où proviennent les mensonges sur le Xinjiang ?

Sur la provenance des mensonges et des rumeurs sur le Xinjiang, Maxime Vivas a mené des enquêtes détaillées. « La campagne (anti-chinoise) mondiale a démarré aux États-Unis », a-t-il indiqué, « toute cette affaire (du Xinjiang) est partie des États-Unis, et on parlera aussi du rôle de CIA là-dedans ». Selon lui, « la France et l'Europe sont des entités politiques qui sont complètement inféodées aux États-Unis, et il n'y a pas d'indépendance de la France ou de l'Europe ».

Maxime a notamment attiré l'attention du public sur le terme de génocide : « Vous savez que le mot de génocide est parti des États-Unis, et l'histoire de l'existence des camps de concentration avec un million de personnes, c'est parti des USA ». En évoquant la notion de circulation circulaire de l'information, proposée par le sociologue Pierre Bourdieu, Maxime a expliqué : « Les journalistes occidentaux se lisent entre eux, et ils ne vérifient pas. Ensuite, des hommes politiques vont voir ce que disent les journalistes, puis parlent de la même manière. Au bout d'un moment, à force de le répéter, le mensonge devient une vérité ».

Maxime a mis l'accent sur la Charte de Munich qui fixe les devoirs des journalistes. La charte demande aux journalistes de ne pas mentir, de vérifier ce qu'ils disent, de rectifier des erreurs. Bref c'est une charte de déontologie. Or, selon Maxime, il y a beaucoup de journalistes occidentaux qui ne la connaissent pas. « Je ne suis pas sûr qu'on l'enseigne dans les écoles des journalistes. J'ai parlé récemment avec de très jeunes journalistes (occidentaux) qui ne la connaissent pas », a-t-il constaté.

Pour son livre Les Ouïgours, pour en finir avec les fake news, Maxime a vérifié avec son éditrice toutes les sources, les chiffres, les moindres détails, afin de garantir que le livre soit rigoureux et juste. Le journaliste a déploré : « C'est exactement le contraire de ce qui se fait dans les médias (occidentaux) sur les Ouïghours. Les journalistes inventent n'importe quoi. Il faut ensuite prouver qu'ils ont menti, et c'est très long et quelque fois très difficile ».

Les mensonges absurdes contre le Xinjiang

Dans son livre, Maxime a évoqué nombre de mensonges sur le Xinjiang qui circulent sur la scène internationale. « On a raconté qu'on n'a pas le droit d'être barbu, mais c'est facile de montrer que cela n'est pas vrai. Les photos prises au Xinjiang donnent des hommes ouïghours avec la barbe. Un politicien occidental a présenté des photos de satellite de 'camps de concentration', mais au sol il s'agit d'une école ou d'un bâtiment administratif. C'est aussi facile de démontrer que tous les Ouïghours ne parlent pas le mandarin, puisque j'ai posé à travers mon interprète une question en mandarin à un ouvrier ouïgour, et il ne comprenait pas », a indiqué Maxime.

Il y a encore d'autres types de mensonges. La Banque mondiale a prêté 50 millions de dollars au Xinjiang pour construire des collèges. Ayant été avertie que l'argent a été servi pour créer des « centres de concentration », la Banque mondiale a envoyé une délégation au Xinjiang pour mener une enquête. À la fin, un communiqué a été publié par la Banque mondiale, notant que les dénonciations n'étaient pas établies. Le texte intégral du communiqué a été cité dans le livre de Maxime. Il a d'ailleurs souligné que l'institution « a exprimé son souhait de revenir de temps en temps au Xinjiang, et les Chinois ont dit 'Oui bien sûr, venez !' »

Maxime a également analysé les mensonges d'Adrian Zenz. Selon lui, cette personne est même « la source principale des fake news ». Sur son compte Twitter, Adrian Zenz a montré une chaussure avec un post-it sur lequel est marqué en anglais « Au secours. Je suis un esclave ouïghour. Aidez les Ouïghours ». Maxime a souligné : « C'est écrit dans un anglais impeccable... les Ouïgours ne parlent pas le mandarin, mais ils écriraient parfaitement l'anglais ? ». En plus, selon l'enquête, la marque de la chaussure est fabriquée au Vietnam. « Voilà le genre de choses qu'ils sont capables de faire : ils mentent constamment… » a regretté Maxime.

Encore un autre exemple : la chaîne de télévision Arte a montré un reportage assez long sur le médecin ouïghour Enver Tohti qui a raconté comment il a opéré pour faire prélèvement d'organe un homme vivant. Enver Tohti vit aux États-Unis et a lui-même avoué qu'il est un criminel. Maxime se demande pourquoi personne ne lui demande où se serait passée cette horreur et qui lui aurait ordonné tout cela ? Pourquoi il n'y a pas un mandat d'arrêt international pour le juger et le mettre en prison ? « Parce que tout le monde sait qu'il a menti… » a indiqué le journaliste.

Maxime a aussi évoqué une enquête réalisée par un journaliste occidental sur les témoignages d'Ouïghours qui racontent leur misère. Dans cette enquête, on voit ces Ouïghours sont arrivés en Occident, et on leur a posé des questions comme :

- « Est-ce que vous avez été frappé ? »

- Ils ont répondu : « Non, non »

- « Vous avez été violée ? »

- « Non, non »

- « On vous a obligé à manger du porc ? »

- « Non, non »

Dans l'enquête, après quelque temps, ces mêmes Ouïghours, bien habillés et vivant dans des appartements magnifiques -on comprend que de l'argent est arrivé- disaient : « Oui, j'ai été violée ; j'ai été battue ; on m'a mis toute nue ; on m'a obligé à manger du porc… » Le reportage a montré l'évolution de leur discours. Au bout d'un moment, ils disent le contraire de ce qu'ils ont dit, donc ce sont des faux témoins.

Enfin, Maxime a parlé de l'histoire des fausses photos et vidéos sur le Xinjiang. On voit souvent des images sur lesquelles des Ouïghours ont été frappés et martyrisés. En menant une enquête sur l'origine des photos et des vidéos, on constate qu'elles ont été prises aux Philippines, au Népal, au Vietnam, aux États-Unis. Il y a notamment une célèbre photo d'une Ouïghoure attachée sur la chaise, le visage en sang. Sur l'image, elle met la main sur un tabouret attachée, et un homme méchant lui arrache les ongles. Cette photo a fait le tour du monde. Après vérification, on a appris qu'elle a été tournée aux États-Unis, dans un studio avec une comédienne. « Cela a été complètement inventé… » a déploré Maxime. 

Par He Qian,journaliste au Quotidien du Peuple en ligne

(Rédacteurs :Yishuang Liu, 孙晨晨)
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