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Les Malgaches se serrent la ceinture pour faire face à la cherté de la vie

Xinhua | 15.07.2022 08h24

Sarindra Rakotomanana, une mère de famille de 45 ans, erre dans le marché populaire d'Analakely, un quartier commerçant de la capitale malgache, Antananarivo. Cette fonctionnaire, pourtant financièrement stable, peine à trouver de quoi acheter avec ses 100.000 ariarys (environ 24 dollars) pour sa famille.

"Les haricots verts se vendent à 6.000 ariarys (environ 1,4 dollar) le kilo maintenant, alors que j'avais l'habitude d'en acheter à moitié prix il y a deux mois", se désole-t-elle, découragée par le fait de devoir changer sa liste d'emplettes. "Finalement, je vais acheter plus de pommes de terre, bien que le kilo soit passé de 2.000 ariarys (0,5 dollar) à 3.000 ariarys (0,7 dollar)".

"Tous les produits locaux sont trop chers, alors qu'on n'y peut rien faire", se plaint la ménagère, ajoutant que manger peut-être moins de viande et de fruits seront ses dernières solutions pour la famille.

Toujours à Antananarivo, Hobisoa Ravelo s'est rendue au marché de Coum pour tenter d'y faire de bonnes affaires. "Dorénavant, j'achète sur place mes vêtements au marché des friperies. J'achetais souvent des articles neufs en ligne, mais vu que les tarifs de livraison à domicile sont passés désormais de 3.000 (0,7 dollar) à 8.500 ariarys (2 dollars), mon budget n'est plus adapté", déplore cette mère de famille de 33 ans, habituée des achats en ligne.

Les coopératives régionales de transport collectif ont quant à elles affiché lundi de nouveaux tarifs en hausse de 40%, le même jour que l'annonce officielle des nouveaux prix à la pompe.

Désormais, les voyageurs doivent débourser entre 25.000 ariarys (6,1 dollars) et 100.000 ariarys (24,4 dollars), selon leur destination.

Le gouvernement a assuré la population de ses efforts d'alléger la cherté de la vie. Le litre du gazole est pourtant passé de 3.400 ariarys (0,8 dollar) à 4.900 ariarys (1,2 dollar) et celui de super de 4.100 ariarys (1 dollar) à 5.900 ariarys (1,4 dollar).

"Cette hausse des prix à la pompe a généré l'inflation généralisée au pays qui, rappelons-le, a été précédée par une récession économique mondiale due à la crise de la pandémie, tandis que l'offre mondiale de l'énergie a été frappée par le conflit russo-ukrainien. Ce qui rend plus difficile la situation de cherté de la vie pour les habitants à Madagascar", note l'économiste malgache Victorus Ralalason.

A ses yeux, l'impact de ces hausses est incontournable vu que le système de production locale à Madagascar et les importations qui font sortir les devises sont en déséquilibre.

En juin, le ministère de l'Economie et des Finances a prédit que le taux d'inflation sera de 9,2% à la fin de l'année. Cette prévision va plus loin que les 7,7% pronostiqués par la Banque mondiale et que les 8,8% prédits en mai par le Fonds monétaire international.

Pourtant, il faudra "au moins cinq ans de relance pour l'économie mondiale après ce conflit russo-ukrainien dont on ne connaît pas l'issue", observe M. Ralalason, préconisant que Madagascar accroisse sa productivité locale afin de réduire les importations.

(Rédacteurs :Ying Xie, Yishuang Liu)
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